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Manger au restaurant augmente le niveau de substances chimiques dans votre corps

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Manger à l’extérieur, dans des restaurants ou des chaînes de fast-food, augmente les risques d’ingurgiter des substances chimiques qui se révèlent être des perturbateurs endocriniens, comme les phtalates, relaie The Guardian.

Des chercheurs américains ont analysé le taux de phtalates dans l’organisme d’individus qui avaient mangé au restaurant le jour précédent et dans celui d’autres personnes qui avaient mangé à la maison. L’étude relayée par le Guardian a révélé que le taux de phtalates était 35% plus élevé chez les personnes qui avaient mangé à l’extérieur la veille comparé à ceux qui avaient mangé chez eux.

Les phtalates sont des composés chimiques dérivés de l’acide phtalique. Ils sont couramment utilisés pour accroître la flexibilité et la durabilité du plastique. On les retrouve dans les films plastiques, les emballages, les revêtements de sol, les rideaux de douche, les profilés, les tuyaux et câbles, peintures ou vernis, mais aussi dans certains dispositifs médicaux.

Ils sont répertoriés comme perturbateurs endocriniens accusés de contaminer et de perturber le système hormonal humain, causant notamment des problèmes d’infertilité. Des cas d’obésité, d’asthme et de diabète pourraient aussi être liés à l’exposition à certains produits nocifs. Certaines formes de cette substance chimique ont été interdites dans les produits pour enfants aux États-Unis.

L’étude avance qu’un certain type de nourriture, incluant les hamburgers et les sandwiches, présente un taux plus élevé de phtalates, mais seulement si ces produits sont achetés dans un fast-food, un restaurant ou un café.

Les taux se révèlent particulièrement élevés chez les adolescents. Chez les ados qui mangent régulièrement au fast-food, le taux de substances chimiques était ainsi 55% plus élevé par rapport à celui de leurs congénères qui mangeaient des plats préparés maison.

Les adolescents plus exposés

Le docteur Ami Zota, chercheur à l’université George Washington à Washington DC, déclare: « Cette étude suggère que la nourriture préparée à la maison est moins susceptible de contenir des niveaux élevés de phtalates, des substances chimiques liées à des problèmes de fertilité, des complications lors de la grossesse et d’autres problèmes de santé ». Il ajoute : « Nos conclusions suggèrent que le fait de manger au restaurant se révèle être une source importante et sous-estimée d’exposition aux phtalates pour la population américaine. »

Les chercheurs se sont basés sur l’analyse de données de la « US National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) » collectées entre 2005 et 2014. Il s’agit d’un programme d’études, combinant interviews et examens médicaux, réalisé afin d’évaluer l’état de santé et nutritif des adultes et des enfants à travers les USA.

Au total, il a été demandé à 10 253 personnes de répertorier ce qu’elles avaient mangé sur 24h ainsi que l’origine de leur nourriture. Les taux des marqueurs de phtalates ont été mesurés dans l’urine de chaque participant.

Sur l’ensemble du groupe, 61% a rapporté avoir mangé à l’extérieur la veille. La corrélation entre l’exposition élevée aux phtalates et le fait de manger au restaurant étaient marquée à travers toutes les tranches d’âges, mais plus forte chez les jeunes, ont commenté les chercheurs. Les conclusions de leur étude ont été publiées dans le journal Environment International.

Le docteur Julia Varshavsky, de l’University of California à Berkeley, ajoute: « Les femmes enceintes, les enfants et les adolescents sont plus vulnérables à l’effet toxique de ce type de substances chimiques qui perturbent le système hormonal. Il est donc primordial de trouver des moyens de limiter leur exposition.« 

« De futures études devraient se pencher sur les manières les plus efficaces de retirer les phtalates de la chaîne alimentaire », conclut-elle.

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