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Les vrais dangers des pesticides

Quoi qu’en disent les fabricants de pesticides, leurs produits ne sont pas anodins, loin de là. Une expertise française réalisée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale le prouve.

L’expertise collective menée par l’Inserm en France, Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, est sans appel: quoi qu’en disent les fabricants de pesticides, leurs produits ne sont pas anodins, loin de là.

Difficile, après cette expertise collective menée par l’Inserm, de dire que » les données sont insuffisantes » ou que l’on « manque de recul »: 30 ans d’études diverses menées dans le monde entier, un groupe d’experts qui rassemble des biologistes, des épidémiologistes et des toxicologues, des milliers de pages analysées pour un constat sans appel. Oui, les pesticides sont bel et bien dangereux pour la santé.

10 000 produits différents

Les pesticides existent sous de nombreuses formes – liquides, solides, poudres etc. Ils concernent une centaine de familles chimiques différentes (organophosphorés, organochlorés, triazines…) rassemblant au total 10 000 formulations commerciales différentes! En France, la grande majorité est utilisée en agriculture, mais ils servent aussi à la dératisation, le traitement du bois, le jardinage…

Résultat: on en trouve partout dans l’environnement – l’air, l’eau, le sol et les denrées alimentaires, y compris l’alimentation et même certaines eaux de consommation. Les sources d’exposition sont donc très diverses, depuis la voie cutanée (80% en milieu professionnel) jusqu’aux voies respiratoires et orales. Attention, en particulier, en cas de préparations de « bouillies » ou de mélanges en tous genres.

Pesticides et cancers

L’expertise collective de l’Inserm a mis en avant 8 formes de cancer spécifiques.

Cancer de la prostate: l’augmentation du risque chez les professionnels (agriculteurs, ouvriers, populations rurales) est estimée entre 12 et 38%.

Cancers hématopoïétiques: 4 formes différentes ont été identifiées, notamment certains lymphomes et certains myélomes. En outre, un excès de risque en matière de leucémie « ne peut être écarté ».

Concernant les autres cancers (testicule, tumeurs cérébrales, mélanomes) les données sont plus délicates à évaluer soit que leur incidence demeure faible ce qui induit des biais, soit que d’autres facteurs interviennent, comme l’exposition aux ultraviolets pour les agriculteurs en matière de mélanome.

Pesticides et maladies neurodégénératives

Une augmentation du risque de maladie de Parkinson a été observée chez les professionnels exposés aux pesticides.

Pour la maladie d’Alzheimer, le risque semble plus important mais les conclusions sont moins nettes.

Pour les troubles cognitifs, le risque semble plus élevé en cas d’intoxication aiguë.

Pesticides et grossesse

Les études épidémiologiques sont aujourd’hui suffisamment nombreuses pour que le doute ne soit plus permis: en cas d’exposition prénatale aux pesticides, le risque de fausses-couches et de malformations congénitales augmente de façon « significative ».

D’autres études pointent par ailleurs une atteinte de la motricité fine, de l’acuité visuelle ou encore de la mémoire récente. Des travaux plus récents montrent également une augmentation du risque de leucémie et de tumeurs cérébrales.

Enfin, le risque semble être aussi plus élevé pour les femmes qui vivent près d’une zone agricole, qu’il s’agisse de malformations cardiaques, de diminution du poids de naissance ou du risque de leucémie.

Vincent Olivier

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