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« Les personnes autistes sont un plus pour notre société »

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les personnes autistes doivent faire face à la méconnaissance et au manque d’inclusion, notamment sur le marché du travail et à l’école. Leurs compétences représentent pourtant un atout dans de nombreux domaines : « ils ont une pertinence d’analyse que les autres n’ont pas », explique Flora Arrabito, fondatrice de l’ASBL Autisme en Action.

L’autisme touche aujourd’hui 1 personne sur 68 à travers le monde. En Belgique comme ailleurs, l’inclusion de ces personnes dans le parcours scolaire, dans le marché du travail et, plus globalement, dans la société, est essentielle. Mais la réalité est souvent plus difficile. « Beaucoup de personnes autistes sont sans emplois. Elles ont des diplômes, des capacités, mais ne savent pas se vendre« , explique Flora Arrabito, fondatrice de l’ASBL Autisme en Action et maman d’une jeune adulte autiste. Ils ont pourtant autant à apporter que les autres, mais différemment : « ils ont une pertinence d’analyse, une manière de fonctionner, au niveau neurologique, qui leur permet de voir des choses que des personnes non autistes ne voient pas. Ils n’ont pas une vue d’ensemble, mais voient plutôt les détails, comme un puzzle qu’ils construisent pour avoir une image globale« . Une perception différente qui peut permettre d’avoir un résultat plus complet, lors de l’analyse d’une imagerie médicale par des neurologues, par exemple.

Greta Thunberg, l’exemple-type

Leur vision des choses peut apporter un plus dans une entreprise : « ils ont une expertise très pointue dans certains domaines, comme la high-tech, où ce sont des profils très recherchés. Pas pour remplir un quota, mais pour leur pertinence. C’est vraiment un plus pour la société« . Les personnes autistes ont par exemple participé activement à l’organisation de l’Opération « Chaussettes Bleues », une action de sensibilisation à l’autisme menée par l’ASBL qui a eu lieu pour la 5e fois cette année. Pour Flora Arrabito, il est indispensable qu’ils soient acteurs et non seulement bénéficiaires.

Greta Thunberg
Greta Thunberg © Reuters

Une proactivité que l’on observe aussi lors des marches des jeunes pour le climat, initiées par Greta Thunberg, atteinte du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. « C’est un exemple-type. Ce sont des personnes qui ont une vision des choses pertinente. Ils ont aussi une franchise qui leur permet de dire les choses très clairement. Ce sont souvent des précurseurs. » Elle précise que toutes les personnes autistes n’en ont cependant pas la capacité. L’autisme est un spectre, avec des personnes plus fragiles qui ont besoin d’accompagnement. « Pourquoi ne pas utiliser les personnes qui ont un gros potentiel pour aider et soutenir les personnes plus faibles ? Il faut concilier les uns avec les autres, utiliser les forces des uns pour accompagner les autres.« 

En Belgique, une méconnaissance de l’autisme

En Belgique, il y a encore du chemin à faire, même s’il existe de bonnes initiatives. C’est le cas de Passwerk, une entreprise privée qui joue un rôle de passerelle et qui met en valeur les talents des personnes autistes. Elle leur offre un emploi dans des entreprises qui ont besoin de leurs talents. « Malheureusement, cette initiative n’est pas suffisante« , déplore Flora Arrabito. « Chez nous, la personne autiste est encore vue comme déficitaire. Elle a certes, comme toute personne, des déficits dans certains domaines, mais aussi des points forts. »

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De nombreux pays ont une approche différente de la nôtre, notamment au niveau de l’inclusion scolaire, car il y a moins de méconnaissance vis-à-vis de l’autisme. L’ASBL remarque notamment à travers l’Opération Chaussettes Bleues que les Belges ne connaissent pas ou mal l’autisme. « Il faut détricoter les fausses croyances, faire un travail de sensibilisation et d’éducation. Le jour où tous les enfants autistes seront accueillis dans les écoles, on pourra déjà dire que ça va mieux. Le jour où vous verrez des personnes autistes professeurs dans les universités et dans l’enseignement supérieur, on pourra dire que les choses bougent. Le jour où on verra dans des entreprises des personnes autistes engagées pour leur pertinence, alors on aura fait un pas. »

L’ASBL souhaite que les gouvernements prennent conscience qu’il y a moyen d’améliorer la situation pour que les personnes autistes puissent vivre une vraie inclusion, tout en travaillant avec elles, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Elle souhaite également que les étudiants et futurs spécialistes soient mieux formés et informés vis-à-vis de l’autisme, via un cursus spécialisé, afin d’améliorer le suivi et la prise en charge. « Il faut donner les moyens à la société de jouir des compétences et connaissances qu’ils ont. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir sur l’autisme« , conclut-elle.

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