De plus en plus de jeunes en 2016 avouent ne pas connaitre suffisamment les comportements et modes de transmission du virus HIV. © Istock

Le sida et les jeunes: une ignorance toujours plus risquée

Stagiaire Le Vif

Peut-on attraper le sida rien qu’en embrassant quelqu’un ? Pour 20% des Français entre 15 et 25 ans, la réponse est oui, et ce genre de fausse croyance persiste encore en 2016, selon une étude de l’Ifop. Une ignorance qui n’est pas sans risques, y compris en Belgique, et contre laquelle le Sidaction fait campagne ce week-end.

Le virus du Sida serait transmissible en embrassant les gens, par le contact d’une lunette de toilette publique ou en buvant dans le verre d’une personne séropositive. Autant de croyances erronées qui, en 2016, ont encore la peau dure pour la jeune génération française.

C’est le constat d’un sondage mené début d’année par l’Ifop (l’Institut français d’opinion publique) auprès d’une population de 1001 jeunes âgés entre 15 et 25 ans.

L’étude, réalisée à l’occasion du Sidaction, dont la campagne de sensibilisation se déroule du 1er au 3 avril prochain, a mis en évidence une détérioration du niveau d’information sur le virus du VIH, sur ses modes de transmissions, sur la prévention et les traitements qui existent, par rapport à 2015. Sur la population interrogée, 82 % se disent bien informés sur les risques liés à la maladie, contre 89% en 2015, le chiffre le plus bas depuis 2009.

Le phénomène touche particulièrement les jeunes entre 15 et 17 ans, ce que l’Ifop impute à un manque, voire une absence complète d’enseignement sur la question en milieu scolaire.

Pire que le manque de connaissances, les « misconceptions », ces idées fausses mais pourtant répandues sur la réalité du virus, ont tendance à augmenter auprès des jeunes. Alors que parallèlement, les représentations réelles associées aux risques de transmission sont en baisse.

Ainsi, ils sont aujourd’hui 20 % à déclarer que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne (contre 15 % en 2015) et 15 % en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques (ils étaient 13% en 2015). Des résultats qui sont, selon l’institut de sondage, la conséquence de deux facteurs combinés. D’une part, une présence moins forte du VIH dans l’espace médiatique, occupé ces derniers mois par des pathologies comme Ebola ou le virus Zika. D’autre part, un recul de l’intérêt qu’on les jeunes à s’informer sur la question.

Conséquence de ce désintérêt ambiant, les jeunes admettent prendre davantage de risques dans leurs pratiques sexuelles. Ainsi, 9% des cas concernés par l’étude ont déclaré avoir été fréquemment exposés à un risque de contamination au cours des douze derniers mois. Et seuls 45 % d’entre eux ont effectué un test de dépistage dans la foulée d’un rapport sexuel non-protégé (contre 55% en 2015).

A ce jour, en France, on relève à 11% le nombre de découvertes de séropositivité chez les jeunes de 15 à 25 ans (une hausse de 24% depuis 2007), avec une augmentation qui a pratiquement doublé chez les jeunes homosexuels et bisexuels, soumis à un taux de risques plus élevé que la moyenne.

Méconnaissance partielle en Belgique

En 2014, notre pays a fait partie d’une liste de 42 nations soumises à l’enquête HBSC (pour « Health Behaviours in School-aged Children ») organisée conjointement par le Bureau régional pour l’Europe et l’OMS (Organisation mondiale de la santé, dont le but est de cibler les comportements des jeunes en matière de santé et d’y apporter des solutions.)

Du rapport international, publié le 15 mars dernier, le SNIPES (l’Ecole de Santé Publique dépendante de l’ULB) a dégagé cette semaine les résultats de son enquête pour la Belgique. Si, sur l’échantillon d’élèves interrogé, 94% rapportent avoir utilisé un moyen de contraception lors de leur premier rapport sexuel, ils ne sont que 4 sur 10 (chiffres de 2014) à avoir suffisamment de connaissance des risques de contamination par le virus HIV.

Pour mieux tester les capacités des élèves, les enquêteurs du SNIPES leur ont proposé une série de onze situations du quotidien, à risques et sans risques. Après analyse, il s’avère qu’avoir un rapport sexuel non-protégé avec quelqu’un d’infecté ou utiliser la seringue d’une personne malade font partie des cas de figure les mieux assimilés.

Au niveau des situations sans risques, l’utilisation du préservatif ou le fait de serrer la main à une personne infectée sont en majorité considérées comme inoffensives. Une certaine méconnaissance demeure toutefois dans le cas d’une transfusion de sang, d’une piqûre par un moustique ou d’un baiser adressé à une personne infectée, que les adolescents assimilent à des situations susceptibles de transmettre le virus.

Guillaume Alvarez

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