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Le décès d’un ami nous toucherait beaucoup plus qu’on ne le pense

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Une nouvelle étude suggère que la mort d’un ami peut avoir un impact sur notre santé et notre bien-être pendant parfois quatre ans.

Si des études antérieures ont longtemps évoqué une période de deuil de 12 mois, le traumatisme causé par la mort d’un ami proche peut en réalité avoir des conséquences significatives sur le bien-être physique, psychologique et social d’une personne pendant parfois quatre ans. C’est le résultat auquel sont arrivés des universitaires australiens.

Pour leur étude, les chercheurs ont recueilli des données et analysé les indicateurs de santé issus d’une enquête menée auprès de 26 515 personnes de plus de 14 ans, dont 9 586 avaient connu la mort d’un ami proche. Selon le docteur Wai-Man Liu, auteur principal de l’étude, les personnes en deuil d’un ami proche montraient des signes de dégradation importante de leur santé physique, de leur santé mentale, mais également de leur stabilité émotionnelle et de leur vie sociale.

Ne pas sous-estimer la douleur

Ces recherches mettent en lumière le manque d’attention portée au temps de deuil nécessaire à la perte d’un ami, et « soulèvent de graves inquiétudes quant à la manière dont nous gérons la reprise pour les personnes confrontées à la perte d’un ami proche« , a déclaré le Dr Forbat, professeure à la faculté des sciences sociales de l’Université de Stirling et co-auteure de l’étude.

« Nous savons tous que lorsque quelqu’un perd un partenaire, un parent ou un enfant, il est susceptible de souffrir pendant une longue période de deuil. Pourtant, les employeurs, les médecins et la communauté n’accordent pas le même sérieux à la mort d’un ami proche, ce que la plupart d’entre nous connaîtront », a-t-elle ajouté.

L’étude a également montré que les femmes mettent plus de temps à se rétablir que les hommes, sans doute parce que « les femmes partagent des liens socio-émotionnels plus étroits « . En effet, les chercheurs ont constaté que la vitalité des femmes diminuait plus rapidement et que leur santé mentale se détériorait davantage.

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Stress et dépression

D’après le Dr Maureen Malin, psychiatre gériatrique à l’hôpital McLean, affilié à Harvard, le deuil affecte tout le corps et tous les systèmes organiques, en particulier le système immunitaire. Des analyses auraient en effet prouvé que la fonction des cellules immunitaires diminuait et que, par conséquent, les réponses inflammatoires augmentaient chez les personnes en deuil.

Le stress ressenti par la perte d’un être cher est souvent associé à des modifications des cellules du muscle cardiaque ou des vaisseaux sanguins coronaires. Ce phénomène empêche la contraction efficace du ventricule gauche : une maladie qu’on appelle « cardiomyopathie induite par le stress » ou « syndrome du coeur brisé ».

La tristesse après la perte d’un ami proche est tout à fait naturelle, mais lorsque cette douleur persiste, elle peut souvent se transformer en dépression. Un syndrome qui se traduit par un désespoir extrême, de l’insomnie, une perte d’appétit, des sentiments d’inutilité et de morosité et parfois des pensées suicidaires. « La vie ne vous intéresse pas. Vous n’allez pas au travail, manquez des rendez-vous chez le médecin, arrêtez de faire de l’exercice, arrêtez de bien manger. Toutes ces choses mettent votre santé en danger « , explique le dr Malin.

Raisons pour lesquelles les auteurs de l’étude appellent les praticiens et les politiques à repenser leur façon de gérer le chagrin lié au deuil. « Nous devons reconnaître que la mort d’un ami proche a de graves conséquences, et proposer des services de santé et des services psychologiques pour aider ces personnes pendant une période suffisante« , conclut le Dr Liu.

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