Archive : des barrils de terre pollués par des pesticides, dont le DDT, en Biélorussie. © Reuters

Le DDT, un pesticide qui multiplie les risques de cancer du sein par 4

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Le DDT, un pesticide interdit dans les cultures depuis le début des années 70, montre toujours ses effets néfastes sur la santé.

Le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) est un puissant insecticide utilisé un peu partout dans le monde durant la première moitié du XXe siècle. Il a servi pour protéger les cultures des insectes nuisibles, mais aussi dans la lutte contre le typhus (transmis par les poux) et le paludisme (transmis par les moustiques) durant la Seconde Guerre mondiale.

En 1962, la biologiste américaine Rachel Carson publie Printemps silencieux, un livre dénonçant les effets néfastes du DDT sur la faune, mais aussi sur la santé humaine. Il permettra de lancer le mouvement écologiste aux États-Unis. Grâce à la prise de conscience de l’opinion et à plusieurs études sur le sujet, 10 ans plus tard le DDT est interdit aux États-Unis, puis un peu partout dans le monde pour son usage dans les cultures.

Pourtant, cinquante ans plus tard, les conséquences de l’utilisation de ce produit se font encore ressentir. L’utilisation du DDT a déjà été mise en lien avec la maladie d’Alzheimer, l’obésité et des maladies touchant les reins et les ovaires, selon le Time.

Une nouvelle étude publiée par le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism (JCEM) affirme que les femmes qui ont été les plus exposées in utero au DDT ont quatre fois plus de risque de contracter un cancer du sein, par rapport à celles qui ont été le moins exposées, rapporte Le Monde.

Les résultats de cette étude sont d’autant plus frappants qu’elle a été faite sur un grand nombre de femmes californiennes suivies durant 50 ans. Entre 1959 et 1967, ces femmes ont mis au monde plus de 20.000 enfants et plusieurs données biologiques de ces grossesses ont été enregistrées.

Parmi ces enfants, Barbara Cohn, directrice du Child Health and Development Studies en Californie, a recherché toutes les filles et a étudié le cas de celles qui avaient contracté un cancer du sein à l’âge de 52 ans. En moyenne, ce type de cancer est diagnostiqué 10 ans plus tard. Son équipe a ensuite analysé les échantillons de sang prélevés sur leur mère durant leur grossesse et les ont comparés.

Il est ressorti de cette analyse que le quart des femmes ayant été le plus exposées au DDT in utero ont quatre fois plus de risque de développer un cancer du sein que le quart de celles qui ont été le moins exposées. Les chercheurs ont également constaté que le cancer apparaissait plus tôt.

De tels résultats laissent également supposer que les conséquences de l’utilisation du DDT pourraient être les mêmes ailleurs aux États-Unis et en Europe, où le produit a également été largement utilisé.

Selon les scientifiques, le taux de DDT détecté dans le sang humain a largement diminué depuis l’interdiction du produit dans les cultures. Il serait aujourd’hui 800 fois moins élevé qu’à l’époque. Pour autant, tout danger n’est pas écarté, car le DDT est toujours utilisé dans les pays du Sud pour lutter contre les moustiques vecteurs de paludisme.

De plus, une grande partie du DDT fabriqué entre 1940 et 1960 n’aurait pas disparu. Il est très persistant dans l’environnement et le cycle de l’eau l’aurait amené jusque dans l’Arctique. Le réchauffement climatique qui fait fondre ses glaces est donc susceptible de faire réapparaitre cette substance dans notre environnement.

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