La tuberculose ultrarésistante, un nouveau fléau difficile à éradiquer

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

A l’avenir, la plupart des patients atteints de tuberculose pourraient présenter une forme résistante de la maladie si la situation actuelle ne change pas. L’OMS met en garde contre l’évolution de cette maladie.

L’épidémie de tuberculose est loin d’être éradiquée. Cette maladie infectieuse est toujours la plus meurtrière au monde. En 2017, environ 10 millions de personnes l’ont développée selon un rapport récent de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le dernier rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) de l’OMS alerte sur le fait que l’Europe a aussi des difficultés à lutter contre cette maladie. Souvent, elle n’est pas détectée à temps, ce qui entraîne sa propagation et un traitement inadéquat peut causer une résistance accrue.

Trente cas par heure en Europe

En Europe, pas moins de trente personnes toutes les heures sont diagnostiquées souffrant de la tuberculose. C’est dans les pays de l’est que la résistance est la plus forte. Sur les 275 000 nouveaux cas diagnostiqués, et les cas de rechute, on estime que 77 000 sont des cas de tuberculose multirésistante (tuberculose-MR) difficiles à traiter. Près de 7 000 personnes souffrent d’une tuberculose ultrarésistante (tuberculose-XDR), une forme encore plus extrême de la maladie.

« La tuberculose peut toucher n’importe qui, mais ce sont les plus vulnérables qui en souffrent le plus, déclare le docteur Masoud Dara qui travaille au sein de l’OMS en Europe. La réduction de ces cas résistants est trop lente. Le diagnostic doit être posé plus tôt et des traitements plus efficaces doivent être mis au point dès que possible pour toutes les formes de tuberculose. Si nous ne le faisons pas, la forme résistante prendra le dessus et l’éradication de la maladie restera un rêve lointain. »

Il existe un plan de traitement de la tuberculose résistante qui prend environ deux ans. En moyenne, seulement 57 % des patients atteints de ce type de tuberculose sont traités avec succès en Europe. Pour les patients atteints de tuberculose ultrarésistante (tuberculose-XDR), ce pourcentage est de 35 %. Un diagnostic rapide est essentiel. Plus vite la maladie est détectée, plus vite le traitement peut commencer. Cela réduit également la souffrance du patient et prévient la transmission de la tuberculose.

Selon le rapport, les progrès en Europe sont actuellement trop lents pour atteindre l’objectif de développement durable (ODD) de la maladie d’ici 2030. La tuberculose devrait être éradiquée d’ici là.

1000 nouveaux cas chaque année en Belgique

En Belgique et dans d’autres pays développés, l’infection est sous contrôle depuis de nombreuses années grâce à des antibiotiques efficaces, mais un millier de nouveaux cas sont déclarés chaque année.

« En Belgique, chaque personne qui est présente sur le territoire belge, cela concerne donc aussi les sans papiers ou les personnes sans sécurité sociale, a accès à un diagnostic gratuit et un traitement pour la tuberculose à travers un mécanisme de financement spécial dans l’esprit de la couverture de santé universelle », a exposé la Ministre Maggie De Block en septembre dernier lors d’un discours au Siège des Nations Unies à New York. Elle y présentait les bonnes pratiques et les avancées belges en la matière.

Il y a 5 ans, en Belgique, le taux de traitements qui avaient réussi était toujours assez décevant et les abandons de traitement étaient élevés. Depuis, une approche « adaptée à chaque patient » a été mise en place, avec un plan d’accompagnement individuel et un réseau de prestataires de soins pour chaque patient. Parallèlement, une incitation financière, telle que des tickets de bus, a été introduite afin de motiver le patient à poursuivre le traitement. La tuberculose touche en particulier les populations précaires en milieu urbain ainsi que les personnes d’autres nationalités.

La Belgique a vu de réelles améliorations après avoir introduit ces mesures. Le taux de réussite du traitement a augmenté à 87,4% atteignant la norme internationale pour la première fois et la proportion de patients qui a abandonné le traitement a diminué de 12 à 6%.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire