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La « maladie du soda », l’épidémie silencieuse

Le Vif

Peu connue, la cirrhose Nash, aussi parfois appelée la « maladie du soda » ou du « foie gras » toucherait pourtant plus de 10% de la population. Elle ne cesse de gagner en ampleur, au point que, dès 2020, elle pourrait être la principale cause de greffe du foie.

Une cirrhose qui touche les gens qui ne boivent pas d’alcool. Voilà une maladie peu connue de la population et qui pourtant concerne de plus en plus de gens. La cirrhose Nash (stéatose hépatique non alcoolique) n’est pas causée par une consommation excessive d’alcool, mais bien de boisson sucrée ou de graisse. C’est d’ailleurs ce dont souffrent les canards dont on extrait les foies gras.

Les maladies chroniques du foie (virales, alcoolique, métabolique…) touchent près d’un milliard de gens dans le monde. La Nash représente 10% d’entre elles, loin derrière les hépatites virales, mais elle pourrait atteindre les 25% dans le futur, relève le Pr Patrick Marcellin, président du congrès.

Le foie est alors tellement surchargé en graisse qu’il n’arrive plus à l’éliminer. Il y a alors une inflammation qui peut à son tour provoquer une fibrose (les tissus se durcissent). Chez un patient sur trois, la fibrose s’étend au point de développer une cirrhose, qui peut à son tour se transformer en cancer dans 5% des cas.

Dans les colonnes du Figaro, le Pr Lawrence Serfaty, hépatologue à l’hôpital Saint-Antoine explique : « Nous avons plein d’exemples de patients qui ne boivent pas une goutte d’alcool, n’ont jamais eu d’hépatite virale, et se voient diagnostiquer une cirrhose avec pour seul facteur de risque, le fait qu’ils boivent plusieurs sodas par jours ».

Les facteurs de risque selon Slate.fr sont « le surpoids (indice de masse corporelle supérieur à 25 kg/m2), hyperglycémie à jeun (supérieure à 6,1mmol/l), hypertriglycéridémie (supérieure à 1,7mmol/l) ; « adiposité centrale » (tour de taille supérieur à 88 cm pour les femmes et supérieur à 102 cm pour les hommes) ; un taux sanguin bas d’HDL-cholestérol bas (inférieur à 0,5 g/l pour les femmes et inférieur à 0,4 g/l pour les hommes). »

Une maladie silencieuse

L’expansion de cette maladie se place dans le sillage des épidémies de diabète et d’obésité dans les pays développés. En effet, selon le Nouvel Obs, 22% des diabétiques en seraient atteints et 90% des personnes obèses seraient concernées. À titre d’exemple, « environ 6 millions de personnes aux États-Unis ont montré une progression vers une Nash tandis que 600.000 souffrent d’une cirrhose liée à une Nash. » dit encore Slate.

Cette maladie est d’autant plus pernicieuse qu’on n’éprouve aucun symptôme. Lorsqu’on s’en rend compte, il est souvent trop tard. Comme le présentateur français Pierre Ménès qui a été victime d’une grave hémorragie intestinale en 2015 et qui est passé par le chas de l’aiguille.

Il n’existe pour l’instant pas de traitement véritablement efficace. « Une centaine de compagnies, essentiellement américaines, ont des molécules en développement (phases 1 à 3) » et il y a plus d’une centaine d’essais dans le monde visant plusieurs cibles (la fibrose, le métabolisme des lipides, du glucose, l’inflammation…) », selon le Pr Serfaty. Le traitement sera probablement une combinaison, ajoute-t-il, citant le nom de deux molécules à venir, l’acide obéticholique et l’elafibranor.

Pour l’instant, seuls un régime hypocalorique (pauvre en sucres à absorption rapide et lente) et la pratique régulière d’un sport pourraient endiguer la progression. L’équilibre du diabète,voire la chirurgie bariatrique dans les obésités sévères, contribue également à améliorer l’état du foie. Une perte de poids de 8 à 10% permettrait d’améliorer la fonction hépatique et de réduire le risque cardiovasculaire, l’une des principales causes de mortalité.

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