L'esketamine est une partie de la molécule de kétamine qui altère l'esprit. © Getty Images/iStockphoto

La kétamine en spray, efficace contre la dépression ?

Stagiaire Le Vif

Des chercheurs américains et une compagnie pharmaceutique belge ont testé la kétamine, un anesthésique général, pour soigner la dépression et les pensées suicidaires. Le résultat : cette formule agirait plus rapidement que les antidépresseurs classiques, a révélé le journal The Independent.

Les tests effectués par les chercheurs de l’Université de Yale et la compagnie pharmaceutique belge Janssen suggèrent que l’esketamine – de la kétamine en spray – pourrait être une révolution dans la recherche sur la dépression. Pour rappel, la kétamine est un produit utilisé comme anesthésique général en médecine humaine et vétérinaire.

Les antidépresseurs prennent généralement plusieurs semaines avant d’agir efficacement. Ici, en à peine quelques heures, les docteurs ont constaté une amélioration nette des symptômes de malades classés dans la catégorie des patients suicidaires à haut risque.

Esketamine aide les cas de dépression grave

L’esketamine est une partie de la molécule de kétamine qui altère l’esprit. Elle a été désignée comme « traitement révolutionnaire » par la Food and Drug Administration aux États-Unis suite aux premiers essais qui ont montré qu’elle pouvait aider les patients suicidaires à haut risque.

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Ces résultats ont permis au processus de développement du médicament d’être accéléré afin qu’il soit le plus rapidement disponible en clinique. La phase deux, dont les données viennent d’être publiées dans l’American Journal of Psychology (AJP), semble prometteur.

Si la kétamine injectée par intraveineuse a déjà prouvé son efficacité, un spray nasal serait plus facile à administrer à dose contrôlée. La kétamine s’attaquerait à la dépression en empêchant une décharge, dans le cerveau, de signaux qui noieraient alors les centres de récompenses (parties du cerveau qui provoquent notamment le plaisir et la motivation).

Un processus de longue haleine

Pour l’étude, les 68 patients suicidaires sélectionnés recevaient déjà un traitement avec des antidépresseurs conventionnels. Ils ont été choisis au hasard afin de recevoir deux fois par semaine durant un mois, soit de l’esketamine, soit un spray nasal placebo composé d’antidépresseurs classiques.

Un processus à l’aveugle puisque ni les patients, ni même leurs médecins ne savaient quel type de spray leur était donné. Les docteurs ont constaté des améliorations significatives des symptômes du groupe qui a reçu le vrai spray quatre heures après leur dose. L’autre groupe, à qui on administrait le placebo, a vu une amélioration des symptômes après 24 heures.

25 jours après l’inhalation de la première dose, les spécialistes ont constaté que le médicament à base de kétamine n’était pas plus efficace que le placebo avec antidépresseurs classiques. À savoir que les médicaments actuels prennent de quatre à six semaines avant de fonctionner.

Éviter les mauvais usages

Le Royal College of Psychiatrists a suggéré la perspective de rendre un tel traitement accessible à la National Heath Service (NHS). Mais pour cela, le médicament doit encore être validé lors la phase trois des tests, avec un groupe de patients beaucoup plus important.

Le principal obstacle sera de réduire les risques d’abus et de dommages, causés par l’esketamine elle-même ou par les patients qui recherchent à utiliser ce médicament afin de répondre à des envies récréatives. L’AJP a fait savoir que des contrôles plus stricts seraient nécessaires afin de s’assurer que le médicament soit disponible pour ceux qui en ont réellement besoin et que cela ne conduise pas à une épidémie de mésusage », rapporte le journal The Independent.

Historique de la kétamine

La kétamine est connue depuis les années 60 : elle a d’abord été utilisée comme anesthésique avant de devenir populaire sur le plan récréatif en raison de ses effets psychotropes, qui modifient l’auto-perception des utilisateurs. Ils vont alors agir de manière totalement aléatoire.

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La kétamine présenterait des risques pour la santé tant physique que mentale puisqu’elle peut induire une forme de psychose. Les essais avec la kétamine administrée par voie orale se sont révélés trop lents pour entrer dans le système.

Lors de la phase trois des tests, des responsables de la santé publique et des experts en toxicomanie devraient intervenir afin de déterminer le moyen le plus sûr et efficace d’employer le médicament. D’après le docteur Robert Freedman, rédacteur en chef de l’AJP, cela permettrait au traitement d’être « disponible pour ceux qui en ont besoin tout en protégeant la population qui risquerait d’en abuser« .

Chavagne Mailys

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