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La flore intestinale jouerait un rôle clé dans la prise de poids

Le Vif

La composition de la flore intestinale jouerait un rôle déterminant dans le métabolisme, révèlent jeudi des travaux sur des souris qui corroborent les résultats d’études précédentes, ouvrant potentiellement la voie à des traitements contre l’obésité.

Cette dernière recherche, parue dans la revue américaine Science datée du 6 septembre, montre que des souris qui ont reçu dans leur intestin stérilisé des bactéries provenant de la flore intestinale de personnes obèses prenaient plus de poids que celles à qui les chercheurs avaient injecté des microbes intestinaux d’individus minces.

Cette expérience démontre la transmission à ces rongeurs des caractéristiques physiques et métaboliques d’un individu via sa flore intestinale, ce qui, selon ces chercheurs, pourrait représenter un pas important vers le développement de probiotiques et de régimes alimentaires personnalisés pour traiter ou prévenir l’obésité.

La différence dans la prise de poids entre les deux groupes de souris qui avaient le même régime alimentaire et consommaient le même volume d’aliments « ne peut s’expliquer que par les caractéristiques des différentes flores intestinales », souligne Jeffrey Gordon, directeur du Centre de la science du génome et des systèmes biologiques à la faculté de médecine de l’Université Washington à St. Louis (Missouri, centre), coauteur de l’étude.

Pour déterminer quels microbes permettaient d’empêcher une prise de poids, ils ont enfermé les deux groupes de souris, les obèses et les minces, dans une même cage et, comme attendu, ces rongeurs ont commencé à consommer leurs excréments respectifs en plus de la nourriture fournie, échangeant ainsi leurs flores intestinales.

Après une dizaine de jours, les chercheurs ont découvert que les souris en surpoids avaient développé les mêmes traits métaboliques que celles qui étaient minces.

En revanche, ces dernières n’ont apparemment pas été affectées par les microbes intestinaux de leurs compagnes de cage obèses.

Les auteurs de l’étude ont pu déterminer que certaines bactéries de la famille des bacteroidetes pouvaient entrer dans l’intestin des souris obèses et provoquer des changements dans leur métabolisme. Mais aucune des bactéries de la flore intestinale des rongeurs obèses n’a pu envahir l’intestin de ceux qui avaient la ligne.

Interactions complexes

Ils ont ensuite nourri ces souris avec l’équivalent de deux régimes alimentaires modernes. Le premier était riche en fibres et faible en graisses saturées, tandis que le second était pauvre en fibres et très gras.

Soumises à une nourriture saine, les souris obèses ont comme dans l’expérience précédente acquis les bonnes bactéries intestinales de leurs compagnes minces en consommant leurs excréments et modifié leur métabolisme.

Mais quand les deux groupes de souris ont été nourris avec le régime pauvre en fibres et riche en graisses saturées, celles qui étaient obèses n’ont pas pu acquérir les bactéries intestinales empêchant de prendre du poids.

De plus, celles qui étaient minces ont été incapables de conserver cette flore dans leur intestin conférant une protection contre les excès pondéraux, ont constaté les chercheurs.

Ces résultats suggèrent des interactions plus complexes qu’estimé jusqu’alors entre le régime alimentaire, la masse corporelle et la flore intestinale dans les dérèglements du métabolisme humain, concluent-ils.

« Nous avons désormais un moyen d’identifier de telles interactions selon les aliments consommés, et de modifier un régime alimentaire malsain de manière à faciliter l’établissement d’une flore intestinale qui favorise un métabolisme évitant de grossir », fait valoir le Dr Gordon.

Une recherche publiée en mars aux Etats-Unis a montré que les personnes obèses subissant un pontage gastrique pour réduire le volume de leur estomac connaissaient aussi une modification de leur microbiome intestinal, qui selon les chercheurs expliquerait 20% de leur perte de poids à la suite de cette intervention.

Une autre étude réalisée auprès de 792 personnes, parue en mars dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, a révélé en analysant l’haleine des individus que ceux ayant des niveaux élevés dans leur intestin d’un microbe appelé méthanobrevibacter smithii étaient en surpoids.

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