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La douleur réelle des « maladies imaginaires »

Le Vif

Certaines maladies sont-elles vraiment « dans la tête » ? Nos pensées et émotions peuvent impacter notre corps, au même titre que les maladies physiques.

Le Dr. Suzanne O’Sullivan, interviewée par la BBC, explique pourquoi une maladie a priori « imaginaire » peut avoir de véritables conséquences physiques. Elle raconte l’histoire de sa patiente Yvonne. Elle remplissait les rayons du supermarché où elle travaillait quand un collègue l’a accidentellement vaporisée avec du produit pour nettoyer les vitres. Elle a lavé ses yeux directement et est allée se coucher pour que la douleur s’en aille au plus vite. Mais à son réveil le lendemain, sa vue s’était empirée, tout était flou. 24h plus tard, elle ne pouvait distinguer le jour et la nuit. Même après 6 mois d’examens, les médecins ne trouvaient aucune explication. Yvonne a alors été redirigée vers l’unité de neurologie, chez Suzanne O’Sullivan. Lors des observations, ses yeux répondaient (clignements par exemple), mais elle continuait de dire qu’elle était dans le noir complet.

Nos émotions impactent notre corps

Les collègues d’O’Sullivan pensaient qu’elle simulait, probablement pour une question d’assurances. « J’aimais bien Yvonne. J’étais désolée pour elle. Mais je ne pouvais pas croire qu’elle était aveugle« , écrit O’Sullivan dans son nouveau livre, « It’s All in Your Head« . O’Sullivan est à présent devenue experte en « maladies psychosomatiques » au Royal London Hospital, où elle a traité d’autres patients, paralysés partiellement par exemple, mais qui n’avaient aucun problème d’origine physique. Dans cette optique, il était parfaitement possible qu’Yvonne présentait le même genre de symptômes, qu’elle n’était pas consciente de ce qu’elle voyait, que son inconscient masquait l’information avant même qu’elle ne s’en rende compte.

Nos émotions impactent déjà notre corps : chaque fois que l’on pleure, rit, se met en colère, quand on se sent tellement triste qu’on n’arrive pas à sortir du lit, ou quand on a la nausée lorsqu’un ami nous raconte son intoxication alimentaire. C’est en quelque sorte la première étape d’un phénomène psychosomatique qu’on a tous déjà vécu.

En réalité, environ 30% des gens rendent visite à leur docteur généraliste pour des symptômes qui ne peuvent pas être expliqués physiquement, suggérant une origine plutôt psychosomatique. La seule différence, c’est que dans la plupart des cas, ces émotions passent et on retourne à nos vies normales. Mais chez les patients de O’Sullivan, ces ressentis sont exagérés et chroniques, durant des mois, des années, voire parfois toute une vie.

Erreurs de diagnostic

Il y a pour l’instant trop peu de recherches pour déterminer la meilleure manière de traiter les maladies psychosomatiques, mais O’Sullivan a tendance à envoyer ses patients consulter un psychiatre ou un thérapeute cognitivo-comportemental, qui sera plus à même de déceler la détresse ou le traumatisme qui mène à la maladie. Dans le cas d’Yvonne, elle semblait avoir des difficultés à jongler entre le stress du boulot, les enfants et un mari autoritaire. Lorsqu’elle a appris à faire face à ces troubles, la vue lui est lentement revenue.

La plus grande crainte d’O’Sullivan dans le domaine, c’est le taux d’erreurs de diagnostics, des médecins qui prescrivent des médicaments pour ce genre de maladie, ou pire, qui admettent les patients en question pour une chirurgie inutile.

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