La détox au lieu de la confession pour se faire pardonner nos péchés

Ne pas travailler pendant un an, un mois sans alcool, vivre une semaine de jus. Personne ne semble plus y échapper. « Nous essayons d’acheter une tranquillité d’esprit à coup de détox et de tranquillité d’esprit », écrit notre consoeur de Knack Ann Peuteman. « Quel est notre problème ? Pourquoi sommes-nous aussi pressés de nous amender ? »

Ego te absolvo a peccatis tuis in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Voilà l’apothéose d’une confession catholique réussie. Vous commencez par expliquer ce que vous avez fait, ensuite le prêtre vous impose une sanction et finalement il vous pardonne vos pêchés. Pour la plupart d’entre nous, ce n’est qu’un souvenir flou de l’enfance, car aujourd’hui il n’y a plus beaucoup de gens qui se sentent appelés à se confesser. Pourtant, notre penchant à l’absolution semble de retour. Pourquoi sinon nous flageller à coup de détox, de relaxation ou d’abstinence ?

Nous souhaitons toujours nous punir pour pouvoir ensuite nous replonger dans nos mauvaises habitudes avec la conscience tranquille

Pénitence. Nous souhaitons toujours nous punir pour pouvoir ensuite nous replonger dans nos mauvaises habitudes avec la conscience tranquille. C’est pourquoi la détox, dans tous les domaines de notre vie, devient de plus en plus populaire. Ainsi, je connais une femme qui adore les sucreries depuis son enfance. Elle est incapable de résister au chocolat aux noisettes, aux éclairs et au véritable Coca-Cola. Comme la consommation excessive de friandises n’est pas vraiment saine et qu’elle a en peu honte, elle cesse tout à fait de manger du sucre pendant un mois par an. Elle perd du poids, se sent plus en forme et éprouve de la fierté. Et elle se sent moins coupable des centaines de barres de chocolat dont elle se gave les onze mois restants.

De plus en plus de gens vont plus loin et font des cures de détox plusieurs fois par an: pendant toute une semaine, ils ne vivent que de jus de fruit et de légumes. Les kilos s’envolent et ils sont convaincus que leur peau rayonne et que leurs organes sont purifiés. Mais dès que cette semaine est passée, ils commandent un bifteck frites arrosé de mayonnaise. Ils l’ont bien mérité. Comme tous ces gens bien intentionnés qui se jettent après quarante jours sans viande sur les cuisses de poulet, les filets de porc et les cordons-bleus. Ou ceux qui ouvrent une bonne bouteille de vin après un mois sans alcool. Et que pensez-vous de ces drogués du travail, qui prennent quelques mois sabbatiques avant le précipice, avant d’aller travailler encore plus dur qu’avant. Je connais même un homme qui a décidé de faire une « pause relations » après une série de liaisons tumultueuses et surtout exténuantes. Il voulait se ressourcer. Cinq mois après, il se jetait sur Tinder, affamé.

Apaiser

Bien entendu, il y a aussi des personnes qui changent définitivement de cap après une détox, qui ne boivent qu’une seule fois par semaine, qui mangent plus sainement, qui se reposent plus souvent ou qui cuisinent essentiellement végétarien. C’est très positif évidemment. Mais la plupart traversent l’épreuve la tête haute pour ensuite retomber dans l’excès. Quel est notre problème ? Pourquoi éprouvons-nous régulièrement le besoin de tranquilliser notre conscience ? Pourquoi avons-nous tant de mal à vivre immodérément sans vouloir nous amender après coup – ou entre-temps ?

Il est probable que toutes les mauvaises nouvelles qu’on entend de plus en plus souvent y sont pour quelque chose. On lit en permanence qu’on va droit à la crise cardiaque, au burn-out ou au diabète si on continue ainsi. Or, on trouve qu’il est trop difficile et déplaisant de se modérer définitivement. Et donc on conclut un deal avec nous-mêmes : si on s’abstient un mois par an, on peut espérer que tout se termine bien. On s’achète une tranquillité d’esprit. Tout comme la confession d’autrefois. Une dose supportable d’autoflagellation pour redevenir sain de corps et d’esprit. Nous sommes en 2016, nous n’avons plus besoin de prêtres. Nous nous débrouillons nous-mêmes, à coup de pénitence et d’absolution.

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