L’avenir appartient-il à ceux qui se lèvent tôt ?
Pour Hal Elrod, le très charismatique « life coach » américain, il suffit de se lever à six heures du matin pour être efficace, en pleine forme et progresser sans difficulté dans notre société compétitive. Décryptage.
Plus de 1000 commentaires sur Amazon US, une cotation moyenne de 4,5 étoiles et des témoignages enthousiastes de lecteurs sur le Web à n’en plus finir… Le livre The Miracle Morning de Hal Elrod (non traduit en français) reçoit un accueil dithyrambique ! Certains le qualifient carrément de « l’un des meilleurs livres jamais écrits pour changer de vie ». Pour faire court, l’auteur nous recommande de se lever très tôt et de consacrer ce temps gagné sur le sommeil à quelques activités-clés qui nous mèneront à la réussite. Dans l’ordre : on commence par une dizaine de minutes de méditation, on poursuit avec des exercices physiques ou des postures de yoga, on enchaîne avec de courtes séances d’écriture (des pensées, des citations…) et de lecture, et on termine en formulant clairement, de préférence par écrit, ses tâches et ses objectifs de la journée. Selon Hal Elrod, la méthode est infaillible. Pour preuve, il cite les noms des grands patrons – Richard Branson (Virgin), Tim Cook (CEO Apple), Howard Schulz (CEO Starbucks) et Jack Dorsey (CEO Twitter et Square) – qui se sont hissés au sommet car ils se lèvent très tôt et pratiquent ces rituels matinaux.
Nous ne sommes pas égaux
Le Docteur Daniel Neu, somnologue et médecin coordinateur du Laboratoire de sommeil et de l’unité chronobiologie au CHU Brugmann, remet les pendules à l’heure : « Les besoins physiologiques de sommeil ont une variabilité interindividuelle, influencée par le phénotype, autrement dit, l’expression visible des gènes. La majeure partie de la population adulte a besoin de plus ou moins sept heures et demie à huit heures de sommeil par vingt-quatre heures. A côté de cela, il y a de vrais « petits » dormeurs (moins de 2 % de la population) qui peuvent se contenter de quatre à quatre heures et demie de sommeil et des vrais « gros » dormeurs (moins de 2 % de la population) qui ont besoin de minimum dix heures de sommeil. Ces derniers sont victimes d’une double injustice : non seulement ils ont besoin de dormir plus mais ils sont aussi moins tolérants à la privation de sommeil. Si un gros dormeur se couche vers 23 heures et se lève à 6 heures du matin, le manque de sommeil aura un impact négatif sur sa journée qu’il vivra potentiellement dans une sorte de brouillard, d’apathie et de somnolence excessive. »
Par ailleurs, nous appartenons aussi à des « chronotypes » ayant des préférences circadiennes (matinales ou vespérales) potentiellement différentes. « Etre du matin » ou « être du soir » est en quelque sorte une vraie réalité biologique, doublée de surcroît d’une aptitude de flexibilité différente. Certains sont plus à l’aise à adapter leur horloge biologique à différentes contraintes que d’autres dont la flexibilité est plus faible. « Se lever plus tôt pour gagner du temps ? Pourquoi pas ? intervient le Dr. Neu. A une condition cependant : il faut respecter la quantité de sommeil dont on a besoin. Mais une privation chronique de sommeil aura des répercussions évidentes sur la santé. On ne peut pas, par exemple, devenir un petit dormeur quand on est un gros dormeur et ainsi de suite, par un simple changement de comportement. Cela équivaudrait à vouloir changer de taille physique réelle en marchant constamment sur la pointe des pieds ! Je voudrais aussi ajouter que dans nos pays du nord, le manque de lumière peut déclencher des troubles de sommeil, voire des dépressions à caractère saisonnier. Dans ce contexte, la luminothérapie a son sens et peut aider. Mais ce n’est pas un gadget pour rire. Il s’agit d’un vrai traitement médical, qui doit être mené en concertation avec un médecin. Il ne s’adresse pas à tout le monde et ne peut pas être pratiqué n’importe quand. »
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