L’Afsca met en garde contre les compléments alimentaires achetés en ligne

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Pas moins de 31% des Belges achètent de la nourriture via internet, ressort-il d’un premier bilan de la cellule e-commerce de l’Afsca, relayé par Le Soir. Un nombre croissant de plaintes sont enregistrées, elles visent notamment les compléments alimentaires.

« En un an, la cellule dédiée à l’e-commerce a traité 108 dossiers: 48 en 2018 et 60 rien qu’entre janvier et juillet de cette année« , explique Stéphanie Maquoi, porte-parole de l’Afsca.

Celle-ci débusque les irrégularités via plusieurs sources: des plaintes de consommateurs, les notifications du système d’alerte européen pour la sécurité alimentaire (le Rasff pour Rapid Altert System for Food and Feed) et ses propres recherches sur la Toile.

Selon la porte-parole de l’Afsca citée par le quotidien Le Soir, « les cas les plus alarmants et les risques les plus aigus concernent des compléments alimentaires« .

Exemples cités par le quotidien francophone: des pilules censées stimuler la concentration lors des examens. Ces gélules aux allégations trompeuses étaient autorisées à la vente aux Pays-Bas mais pas chez nous. D’autres sont épinglées pour absence de notification préalable à la vente auprès du SPF Santé publique. Ce qui signifie que l’on ne peut garantir que le produit ne dépasse pas les teneurs maximales de certains ingrédients et ne comportent aucune plante et aucun additif interdits. Il n’existe pas non plus de certitudes sur les indications d’usage et les doses à respecter qui doivent en principe figurer sur l’emballage. En conséquence, l’Afsca déconseille fortement de consommer des compléments alimentaires pour lesquels aucun numéro de notification n’a été attribué.

Comment peut-on dès lors être certains de ce que l’on ingurgite dans ce domaine? Il est possible de vérifier en ligne via un moteur de recherche si les compléments alimentaires issus de l’e-commerce ont bien été notifiés auprès du SPF Santé publique. Celui-ci peine toutefois à cerner les fraudes vu l’ampleur internationale du commerce en ligne et déconseille d’acheter ce type de produits à l’étranger, explique Le Soir. Les contrôles sont du ressort de l’Afsca qui a annoncé un renforcement de ses effectifs dédiés à l’e-commerce de denrées alimentaires.

Effets néfastes

Par ailleurs, de plus en plus d’études ont démontré l’inefficacité, voire la dangerosité, des compléments alimentaires qui représentent un marché très lucratif. En France, où le marché a pesé plus de 2 milliards d’euros sur l’année 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation (Anses) a recensé de nombreux effets indésirables, attribués à ces divers compléments. Environ 20 % concernent le foie, 18 % l’appareil digestif, 16 % des allergies et 12 % correspondent à des troubles neurologiques ou psychiatriques.

La littérature scientifique suggère ainsi que la supplémentation en vitamines, probiotiques, sélénium, zinc ou encore magnésium et ginseng pour combattre la fatigue ou le stress entre autres, est inutile dans les pays occidentaux, lorsqu’un régime alimentaire équilibré est suivi et qu’aucune carence n’a été décelée dans l’organisme. Les scientifiques soulignent aussi que ces produits ne sont pas anodins. La majorité des experts l’affirment : ces compléments sont inutiles, dangereux même, en cas de surdosage. A l’exception de cas particuliers comme le fer pour les femmes avant la ménopause et la vitamine D pour les petits enfants. Pire, certaines études commencent même à démontrer les effets néfastes de la prise de ces suppléments sur le long terme, comme un risque de décès par cancer plus élevé lors d’une consommation excessive (au moins 1000mg par jour) de calcium sous cette forme.

Autre préoccupation des scientifiques: les possibles interactions des compléments alimentaires avec des médicaments. Notamment pour les produits contenant du magnésium. Les scientifiques mettent aussi en garde contre les effets délétères de certains compléments qui, avalés seuls et trop vite, peuvent se traduire par un apport massif dans l’organisme, perdre de leur effet faute de synergie avec d’autres éléments ou carrément changer de fonction, explique Le Figaro. Ainsi, des nutriments réputés antioxydants – bénéfiques pour prévenir le risque de cancer – semblent susceptibles de devenir pro-oxydants. Même chose avec le bêtacarotène, ou la provitamine A, que l’on prend pour avoir bonne mine. Le bêta-carotène à forte dose (20 à 30 mg/j), augmente le risque de cancer du poumon et de l’estomac chez les fumeurs. L’Anses a aussi souligné que les compléments alimentaires contenant de la mélatonine, censés faire mieux dormir, comportaient des risques d’effets secondaires (vertiges, irritabilité, tremblements, migraines, nausées…)

Compléments alimentaires : que dit la législation ?

Par compléments alimentaires, l’Afsca entend toutes les denrées alimentaires prédosées (capsules, pastilles, compte-gouttes, …) qui sont constituées d’un ou plusieurs nutriments, plantes ou autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique. Les compléments alimentaires sont un complément à l’alimentation normale. Par définition, ils ne peuvent avoir ni revendiquer d’effets thérapeutiques.

Selon la législation européenne (directive cadre 2002/46/CE (.PDF), les compléments alimentaires doivent « compléter le régime normal », constituer « une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés », mais aussi être « commercialisés sous forme de doses » ou de préparations « destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité. »

Au niveau national, les compléments alimentaires sont réglementés par trois arrêtés royaux spécifiques, un pour les nutriments, un pour les plantes et un pour les autres substances.

L’arrêté royal sur les nutriments, s’applique également aux denrées alimentaires ordinaires auxquelles des nutriments ont été ajoutés, généralement appelées « denrées enrichies ». Au niveau européen, ces produits sont réglementés par le règlement 1925/2006).

(Source : SPF Santé publique)

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