Guide pratique pour comprendre les ados par les ados

Muriel Lefevre

Les parents d’ados sont souvent désemparés, car ils ne savent pas quoi faire avec leurs enfants devenus ados. De Morgen a demandé aux adolescents eux-mêmes comment les parents devaient s’y prendre pour (r) établir l’équilibre fragile entre libertés nécessaires et établissement des limites.

Génération après génération, l’adolescence est un champ de mines où parents et enfants n’en sortent pas toujours indemnes. Sur la vingtaine d’adolescents interrogés par le quotidien flamand presque tous ont dit qu’ils pensaient pouvoir parler à leurs parents de presque tout bien que tous n’en ressentaient pas le besoin. Le fait que les jeunes ne demandent pas à leurs parents comment rouler un joint ne doit en effet pas être une source d’inquiétude. « C’est tout à fait normal « , dit Awel, la ligne d’assistance téléphonique flamande et en ligne pour les enfants et les jeunes. « Selon la théorie des domaines, les jeunes vont demander conseil auprès de jeunes comme eux pour certains domaines – plus précisément des domaines étroitement liés à leur quotidien, par exemple l’amour et la sexualité. Tout ce qui touche à l’avenir, comme le choix de leurs études, sera par contre plus susceptible d’être discuté avec leurs parents « , explique Sibille Declercq d’Awel dans De Morgen.

Un constat partagé par d’autres. « Je comprends que les jeunes sont plus enclins à consulter Internet ou leurs amis », déclare Wannes Magits, responsable du Centre flamand d’expertise sur la santé sexuelle. « C’est pourquoi il est important que l’information qui leur parvient soit aussi exacte que possible. Il faut des sites clairs et informatifs, mais les écoles jouent aussi un rôle majeur à cet égard. » Il souligne aussi qu’il est important que les parents donnent à leurs adolescents le sentiment qu’ils peuvent se tourner vers eux et qu’aucun sujet n’est tabou. « Ne vous mettez pas à table pour discuter de ce genre de sujet et prenez des exemples de la réalité quotidienne ou entendus au JT. Pour les sujets difficiles, comme le sexting ou la pornographie, on conseille d’en discuter dans la voiture ou lorsqu’on est en train de faire la vaisselle. Vous n’avez pas besoin de vous regarder l’un l’autre et il y a de la diversion . »

Pour les adolescents il est important que les parents ne fassent pas un drame de tout, choisissent mieux leur timing, mais aussi qu’on leur parle comme a des adultes.

A faire :

  • – Choisir le bon moment pour entamer une conversation. Et écouter vraiment.
  • – Essayer d’apprendre à connaître leurs amis
  • – Montrer un intérêt sincère aux sujets qui les occupent.

A ne pas faire :

  • – Entamer une conversation alors que l’ado est visiblement occupé à autre chose
  • – Le bombarder de questions quand il rentre de l’école
  • – Infantiliser les passe-temps de l’ado et dire « encore sur ton smartphone »
  • – Essayer d’avoir une conversation sur tous les sujets en tête à tête.
  • – Faire ami-ami. Vous êtes et restez son père ou sa mère.

Le plus étonnant est que selon Awel, les jeunes eux-mêmes trouvent qu’il est très difficile d’entamer une conversation avec leurs parents. Les parents doivent tant que ce peut prendre vraiment le temps d’entamer la conversation et être présents physiquement, mais aussi émotionnellement disponibles pour écouter leur enfant. Les ados cherchent aussi parfois à épargner les parents.

Les limites

Lorsque deux générations entrent en contact l’une avec l’autre, ou doivent simplement partager une table de petit-déjeuner, il est logique qu’il y ait parfois des conflits. La discussion sur le programme de la journée, le choix des vêtements et la première bière est comme une sorte de jeu où vous ne passez pas au niveau suivant, tant que vous n’avez pas traité votre père de « connard » parce qu’il vous oblige à rentrer plus tôt d’une fête que vos amis. « Mais il ne faut pas sous-estimer le fait que les parents traversent aujourd’hui une période beaucoup plus confuse « , déclare Sarah Van Gysegem, qui écrit sur les adolescents depuis plus de quinze ans . « Aujourd’hui s’ajoute l’aspect numérique, de sorte que les adolescents semblent passer leur temps presque littéralement dans un autre monde. La vie d’un adolescent était beaucoup plus visible avant. Par exemple, vous saviez qui étaient ses meilleurs amis parce qu’ils venaient vous rendre visite de temps à autre. Maintenant, vous n’avez aucune idée à qui votre enfant parle, à qui il confie ses secrets de coeur et ce qu’il fait sur ce smartphone. »

Selon Van Gysegem, il est donc primordial de poser les bonnes questions de la bonne façon. Il faut continuer à montrer de l’intérêt pour le monde de votre enfant – même si vous ne le comprenez pas pour garder ou rétablir le lien, tout en gardant vos distances. Essayer subitement d’être comme un ado ou trop cool est en effet contreproductif. On peut par exemple être ami sur Facebook, mais on ne le suivra pas sur Instagram. De même faire comme si on maitrisait un sujet, comme Fortnite, alors qu’on a juste vu un reportage au JT n’est pas non plus indiqué. Le plus simple est dans ce cas souvent de demander à son ado ce que c’est. De même, imposer des règles n’est pas forcément perçu comme quelque chose de négatif. « Les règles et les accords clairs offrent un environnement sûr où les enfants peuvent grandir en toute sécurité », peut-on lire toujours dans De Morgen. Néanmoins, les parents osent de moins en moins donner cette structure. Ils ont du mal à suivre leur intuition qui leur dit que ne pas avoir une PlayStation dans leur chambre ou imposer une heure lorsqu’ils vont à une fête sont autant de choses qui leur sont bénéfiques.

Or les frontières sont importantes pour les adolescents. Ils vont les explorer, entrer en collision avec elles et éventuellement les repousser. Il s’agit de donner la confiance, mais aussi de la gagner, et cet équilibre est différent pour chaque enfant. Il est normal que cela grogne quand vous fixez vos limites, mais les parents ne doivent pas avoir peur de cela. Il faut donner de la place pour respirer, tout en s’assurant qu’ils sentent qu’ils peuvent toujours venir à vous quand ils sont en difficulté ou ont dépassé les bornes. »

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