Une source du problème viendrait du manque de logement sûr et de services publics. © Getty Images/iStockphoto

États-Unis : 36% des étudiants ne mangent pas à leur faim

Stagiaire Le Vif

Des chercheurs de la Temple University (Philadelphie) et du Wisconsin HOPE Lab ont révélé dans leur récente enquête qu’un tiers des étudiants américains n’ont pas assez à manger et qu’un nombre similaire n’a pas de logement sûr où vivre, a rapporté le Washington Post.

Le journal américain nous révèle l’histoire de Caleb Torres, jeune étudiant qui souffre de cette problématique. Durant sa première année à l’université George Washington, le garçon a perdu au total plus de trois kilos. C’est le manque d’argent qui l’a forcé à se priver de repas complets. Peinant déjà à payer ses frais d’études, le jeune homme arrive, dès le milieu de l’année, à court d’argent. En conséquence : il commence à sauter des repas.

Des conserves de pâtes plongées dans une soupe au fromage et à la tomate, tel est le repas frugal dont se contente Caleb chaque jour, jusqu’à parfois n’en manger qu’une dans laquelle il picore alors tout au long de la journée. Pour varier les saveurs, le jeune homme se tourne parfois vers les quelques événements du campus qui lui promettent des snacks et buffets gratuits.

Une épidémie silencieuse qui touche 36% des élèves

Cette situation, beaucoup d’autres étudiants la connaissent, révèle une étude réalisée dans 66 établissements scolaires américains. Dans chaque université et école analysée, le résultat est le même : 36% des jeunes ne se nourrissent pas correctement, par manque d’argent. D’après les chercheurs, un étudiant sur dix venu d’un collège universitaire (établissement public d’études supérieures) aurait passé une journée entière sans manger le mois dernier.

Cette enquête s’est notamment basée sur l’évaluation du ministère de l’Agriculture américain pour mesurer la faim. Et même si elle n’a pas sélectionné un échantillon conçu pour être représentatif des écoles à l’échelle nationale, les chiffres sont assez révélateurs : cette épidémie silencieuse menacerait des millions d’étudiants chaque année.

Selon le rapport, même si la faim n’est pas quelque chose de nouveau dans les écoles, cette problématique semble pourtant s’aggraver, et pas uniquement parce que les études coûtent de plus en plus cher : « Les prix ont [certes] augmenté au fil du temps« , a déclaré au Washington Post Sara Goldrick-Rab, un professeur de politique de l’enseignement supérieur à la Temple University et l’un des principaux auteurs du rapport. « Mais la hausse des prix n’est qu’une partie de l’iceberg. C’est un problème systémique« .

Le coeur du problème viendrait d’une aide inadéquate

Outre les prix colossaux des universités, à savoir plus de 53 000 dollars en 2017-2018 d’après le Washington Post, les chercheurs blâment aussi les programmes d’aide inadéquats, l’augmentation du taux d’inscriptions chez les étudiants à faible revenu grâce aux bourses d’études insuffisantes pour régler tous les frais, ainsi que le refus de certaines écoles d’admettre qu’elles ont un problème de faim.

Lire aussi : Pourquoi la faim rend-elle agressif ?

Une autre source du problème viendrait du manque de logement sûr et de services publics. Les responsables de l’étude ont en effet découvert que 46% des étudiants venus de collèges communautaires et 36% des jeunes universitaires ne parviennent pas à payer leur logement et les services publics. Au cours de l’année dernière, de 9% à 12% des jeunes ont dormi dans des refuges ou dans des endroits insalubres, non destinés au logement. Beaucoup d’entre eux ne savaient même pas s’ils allaient pouvoir dormir au chaud certains jours.

De plus, les élèves ont de moins en moins de moyens pour subvenir à leurs besoins : la concurrence pour les emplois à bas salaire est grande. Même les jeunes venus de famille à revenu plus élevé peuvent rencontrer des problèmes d’argent s’ils n’ont pas le soutien complet de leurs parents.

Des remèdes aux problèmes de la faim dans les écoles

L’école de Caleb Torres a déjà réfléchi à la situation. L’université George Washington a en effet ouvert en 2016 un garde-manger, rempli de conserves, de produits et de bagels frais du jour. Les élèves affluent chaque jour pour y dénicher quelques ingrédients de survie.

D’autres écoles américaines ont également lancé ce genre de garde-manger : l’adhésion au College and University Food Bank Alliance, un organisme qui analyse l’alimentation des étudiants dans les écoles et universités américaines, est passée de 15 en 2012 à plus de 600 écoles aujourd’hui.

Malgré ces quelques efforts du côté de la direction scolaire, certains sceptiques considèrent que l’éducation supérieure ne fait pas toujours assez pour résoudre les problèmes alimentaires des étudiants : « Tous ces efforts pour garantir une bonne alimentation chez les élèves ne sont pas du tout suffisants compte tenu de la crise« , déclare Wick Sloane, professeur d’écriture au Bunker Hill Community College de Boston, dans des propos rapportés par le Washington Post.

Ces défenseurs préféreraient voir des changements au niveau fédéral pour améliorer la politique de bons alimentaires et les rendre plus accessibles aux étudiants dans le besoin.

Chavagne Mailys

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire