Et si… on ne se vaccinait plus ?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des  » si « , on pourrait refaire le monde. Refaisons-le ! Avant les 18 mois de leur enfant, les parents doivent transmettre à leur administration communale la preuve de sa vaccination contre la polio, unique vaccin légalement obligatoire en Belgique depuis 1967.

Après deux rappels sans suite, un procès-verbal est dressé, dernier ultimatum avant la transmission du dossier au parquet. En 2018, 657 dossiers ont ainsi été ouverts. Entre janvier et octobre 2019, on en recensait 880. Ces parents encourent une amende de plusieurs centaines d’euros, voire un séjour en prison. Et pourtant, la méfiance envers la vaccination semble s’amplifier. Alors revenons aux fondamentaux : pourquoi vaccine-t-on ? Pour immuniser contre certaines maladies, évidemment, mais aussi pour protéger la collectivité, notamment les personnes plus vulnérables ou non vaccinées pour raisons médicales.  » Pour cela, il est nécessaire que 90 et 95 % de la population soit vaccinée. Dès lors que ce seuil n’est pas atteint, un risque d’épidémie apparaît « , rappelle Paloma Carrillo, en charge du programme de vaccination pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Et si tous les Belges refusaient de se faire vacciner ? Attardons-nous sur le cas de la rougeole qui, par sa résurgence, est au coeur des préoccupations actuelles. Notre pays a connu des épidémies en 2011, 2017 et 2019.  » Environ 40 % des personnes touchées par la rougeole ont dû être hospitalisées « , précise Paloma Carrillo. Les symptômes sont nombreux : fièvre, toux, rhinite, conjonctivite, malaise général, somnolence, irritabilité et, quelques jours plus tard, éruption de taches rouges spécifiques.  » Sans complications, la rougeole entraîne une absence scolaire de cinq à dix jours. Si on fait le calcul sur base de 60 000 naissances d’enfants belges francophones, cela représenterait entre 300 000 et 600 000 jours d’absence scolaire par an. Et l’impact sur les parents, qui doivent s’absenter du travail, est à prendre en compte également « , précise la responsable. Et en cas de non- vaccination ? Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEPCM) a chiffré les risques de complications liées à une non-vaccination contre la rougeole en Fédération Wallonie- Bruxelles. Entre 4 200 et 5 400 personnes seraient touchées par une otite moyenne, entre 600 et 3 600 par une pneumonie, entre 0 et 120 par une encéphalite, et entre 30 et 60 personnes décéderaient. S’immuniser est donc essentiel pour la santé… et l’économie. Selon une étude de Pediatrics, revue officielle de l’académie américaine des pédiatres, la campagne de vaccination menée aux Etats-Unis chez les enfants nés en 2009 a permis d’éviter 42 000 décès et 20 millions de cas de maladies, représentant une économie directe de 13,5 milliards de dollars et évitant un coût pour la société de 68,8 milliards de dollars.

 » Malheureusement, comme dans le reste de l’Europe, l’hésitation face aux vaccins aura un impact sur la couverture globale contre les maladies. Si nous laissons faire, certaines d’entre elles, sous contrôle aujourd’hui, risquent de réapparaître, ce que l’on peut déjà constater pour l’une des plus virulentes, la rougeole. La ré-émergence de ces maladies à prévention vaccinale pourrait être désastreuse « , alerte Paloma Carrillo. Car même si certaines affections semblent éradiquées, elles n’attendent que la fin de la vaccination pour revenir en force.

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