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Ebola: des épidémies à répétition en Afrique

Le Vif

Rappel des principales épidémies d’Ebola en Afrique depuis l’identification du virus en 1976 alors que l’OMS a déclaré mercredi « l’urgence » sanitaire face à l’épidémie en cours en République démocratique du Congo (RDC).

– Repéré en Afrique centrale –

La « maladie à virus Ebola » (auparavant nommée « fièvre hémorragique à virus Ebola ») tient son nom de la rivière Ebola, située dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC, à l’époque Zaïre) où le virus a été repéré pour la première fois en 1976.

A cette date, l’épidémie dans cette région isolée d’Afrique centrale fait 431 morts: 280 en RDC et 151 au Soudan, selon des chiffres du CDC américain (Center for Disease Control).

Trois ans plus tard, le virus réapparaît dans la même région du sud du Soudan, faisant 22 morts.

Outre la souche Zaïre, quatre autres types de virus Ebola ont par la suite été répertoriés : Soudan, Bundibugyo, Reston et Forêt de Taï.

– Kikwit en 1995 –

En mai 1995, la fièvre hémorragique Ebola resurgit en RDC, dans la région boisée de Kikwit, dans le sud-ouest du pays. L’épidémie se développe rapidement, provoquant la mort de 250 personnes sur les 315 cas recensés, soit un taux de mortalité de 81% (CDC).

Ce virus qui se transmet par contact direct avec le sang, les secrétions corporelles, la manipulation sans précaution de cadavres contaminés n’épargne pas le personnel soignant exerçant dans le dénuement.

– L’Ouganda en 2000-2001 –

En septembre 2000, une poussée de fièvre Ebola touche pour la première fois l’Ouganda (souche Soudan), affectant les régions de Gulu (nord), Masindi (nord-ouest) et Mbarara (sud-ouest). En cinq mois, 425 personnes contractent le virus qui fait 224 morts.

– Flambées au Gabon et au Congo –

Déjà affecté à trois reprises entre 1994 et 1997, le Gabon est de nouveau touché entre octobre 2001 et mai 2002 par une flambée de fièvre Ebola type Zaïre.

L’épidémie frappe la province de l’Ogooué-Ivindo (nord-est), déjà précédemment touchée, et fait 53 morts sur un total de 65 cas répertoriés. Le virus se propage au Congo voisin, où il tue 44 personnes.

Début 2003, l’épidémie repart au Congo, et fait 128 morts sur 143 personnes contaminées, soit un taux de mortalité de 90%. Le département de la Cuvette-Ouest (nord-ouest) est particulièrement touché. Les populations y auraient manipulées des carcasses de singes ayant succombé au virus Ebola.

Quelques mois plus tard, un troisième épisode de fièvre fait une trentaine de victimes dans la région.

– Plus de 11.000 morts en Afrique de l’Ouest –

L’épidémie la plus meurtrière à ce jour s’est déclarée en Afrique de l’Ouest en décembre 2013, et a duré plus de deux ans faisant plus de 11.300 morts sur 29.000 cas recensés.

Les victimes se sont concentrées à 99% dans trois pays limitrophes: la Guinée, d’où est partie l’épidémie (plus de 2.500 morts), la Sierra Leone (plus de 3.900 morts) et le Liberia, qui a payé le plus lourd tribut avec le décès de 4.800 personnes.

Ce bilan que l’OMS elle-même juge sous-évalué, a dépassé de sept fois le nombre total de morts faits par Ebola depuis l’identification du virus en Afrique centrale en 1976.

– Epidémie en cours en RDC –

L’épidémie, qui frappe actuellement la RDC et qui dure depuis août 2018, est la plus grave de l’histoire d’Ebola depuis l’épidémie ayant touché l’Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016.

L’actuelle flambée épidémique en RDC, la 10e que connaît le pays depuis 1976, a fait près de 1.700 morts pour plus de 2.500 cas, selon le dernier bilan diffusé de l’OMS. L’épidémie qui a fait deux morts en Ouganda en juin, a fait en juillet pour la première fois un mort dans la deuxième ville de RDC, Goma.

Portrait d’un virus tueur

Ebola, déclaré mercredi comme une « urgence » sanitaire mondiale par l’OMS en raison de l’épidémie en cours en RDC, est un virus redoutable pour l’homme, ses épidémies ayant fait au total environ 15.000 morts depuis 1976.

– D’où vient le virus? –

Le virus Ebola est identifié pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo (RDC, à l’époque Zaïre). Ce virus de la famille des filoviridae (filovirus) doit son nom à une rivière du nord du pays, près de laquelle la première épidémie a éclaté.

Cinq « sous-types » distincts de virus Ebola ont depuis été répertoriés: Zaïre, Soudan, Bundibugyo, Reston et Forêt de Taï. Les trois premiers sont à l’origine d’importantes épidémies sur le continent africain.

– Comment se transmet-il? –

Le virus circule parmi les chauve-souris mangeuses de fruits, considérées comme l’hôte naturel d’Ebola mais elles ne développent pas la maladie.

D’autres mammifères comme les grands singes, les antilopes ou les porcs-épics peuvent le véhiculer puis le transmettre à l’homme.

Lors d’une épidémie, Ebola se transmet entre humains par contacts directs et étroits. Une personne saine est contaminée par les « fluides corporels » d’une personne malade: sang, vomissures, matières fécales…

Contrairement à la grippe, ce virus ne peut pas se transmettre par voie aérienne. Aussi Ebola est-il moins contagieux que de nombreuses autres maladies virales.

Mais ce virus est redoutable en raison de son « taux de létalité » très élevé: il tue en moyenne environ la moitié des personnes qu’il atteint, selon l’OMS.

– Quels symptômes? –

Après une période d’incubation de 2 à 21 jours (en moyenne autour de cinq jours), Ebola se manifeste par une brusque fièvre, avec une faiblesse intense, des douleurs musculaires et articulaires, des maux de tête et de gorge et, dans certains cas, des hémorragies.

Des séquelles ont été fréquemment observées chez les survivants: arthrite, problèmes de vue, inflammation de l’oeil et troubles de l’audition.

– Quels traitements? –

Il n’existe actuellement aucun vaccin ni traitement commercialisé pour faire face à Ebola, mais plusieurs pistes sont à l’essai.

Un vaccin expérimental a été mis au point à la suite de la terrible épidémie d’Ebola qui a frappé l’Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016, causant plus de 11.300 morts.

Un essai de grande ampleur conduit par l’OMS en Guinée en 2015 a montré qu’il était très protecteur, mais seulement contre l’une des souches de virus.

Ce même vaccin est actuellement utilisé dans une campagne de vaccination ciblée en RDC où une épidémie sévit depuis la mi-2018.

– La pire épidémie entre 2013 et 2016 –

Partie du sud de la Guinée en décembre 2013, l’épidémie la plus violente de l’Histoire avait fait jusqu’en janvier 2016 plus de 11.300 morts pour environ 29.000 cas recensés, selon l’OMS. Les victimes étaient concentrées à plus de 99% au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.

L’actuelle épidémie en RDC a démarré le 1er août 2018 dans la province du Nord-Kivu avant de s’étendre. Deux cas ont été enregistrés en juin 2019 en Ouganda et un premier cas en juillet dans la deuxième ville du pays, Goma.

Le dernier bilan de l’OMS pour cette épidémie fait état de 1.676 morts pour 2.512 cas. C’est la dixième épidémie qui touche le sol congolais et la deuxième plus grave en Afrique après celle de 2013-2016 en Afrique de l’Ouest.

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