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Coronavirus : l’autre combat, c’est gérer l’angoisse

Anne-Sophie Bailly
Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Virulent, imprévisible, difficilement maîtrisable. Le coronavirus est une crise sanitaire majeure, un tsunami économique. Mais aussi un trauma, dont il convient de gérer les angoisses qui l’accompagnent. Faute de quoi la reconstruction sera difficile.

Choc violent et imprévu. Le coronavirus est, sans aucun doute, un trauma. Car il fait côtoyer la mort de près. Le Covid-19 a déjà causé le décès de plus de 70 000 personnes dans le monde, dont plus de 2 000 morts en Belgique. Pour certains, derrière ces chiffres, il y a la douleur de la disparition d’un proche. Pour le personnel soignant, la frustration ou la tristesse de n’avoir pu sauver un patient. Ou l’horreur d’avoir dû établir un ordre de priorité. Pour nous tous, le rappel froid de notre condition de mortel. Une pandémie contre laquelle on s’estime mal armé, mal préparé. Sur laquelle on n’a pas, peu ou pas suffisamment de prise. Ce qui engendre un sentiment exacerbé d’impuissance.

L’autre combat, c’est gérer l’angoisse. C’est fondamental. Faute de quoi la reconstruction sera impossible.

Le confinement, lui aussi, charrie son lot d’angoisses. Comment vivre seul, tout le temps ? Ou au contraire, H24, avec des enfants qui s’ennuient, se demandent s’ils retourneront à l’école, s’ils auront des examens. Des ados, privés du plus important à leurs yeux, les potes ou leur amoureux. Des familles et des couples dépouillés de leurs nécessaires sas de décompression : les loisirs, le boulot, les relations sociales. Vivre aussi parfois dans la crainte de la violence de l’autre ou des fins de mois difficiles.

Certains avertissent d’ailleurs sur les effets pervers du confinement et militent pour sa limitation dans le temps. Ils pointent les risques de dépression, de suicides, d’addictions. Les blagues pleuvent sur les réseaux :  » Après le confinement, on sera tous gros et alcooliques.  » On rit. Mais c’est loin d’être anodin.

Un sondage de l’UCLouvain le confirme. Un Belge sur deux dit souffrir mentalement du confinement. Deux tiers dans la tranche des 15-25 ans. Un enseignant de Furnes s’inquiète sur levif.be du sort de ses élèves.  » J’ai des élèves qui ont des problèmes de drogue. Ils sont déjà difficiles à motiver. Maintenant, ils sont à la maison toute la journée, ils y rencontrent souvent de graves problèmes. Ils finiront dans une spirale descendante, j’ai peur que nous les perdions « , craint-il.  » Il est nécessaire que les écoles rouvrent après les vacances de Pâques. Je comprends qu’il existe des risques pour la santé et que c’est un immense dilemme. Mais j’entends des scientifiques dire que […] les enfants sont bien pour créer une immunité collective. Je miserais là-dessus. Sinon, il y aura des morts, et ce ne sera pas à cause du virus.  »

L’après n’est pas lui non plus exempt de questions. Le virus reviendra-t-il ? Serons-nous immunisés ? Pourrions-nous supporter une deuxième période de confinement ? Quel sera le monde de demain ? Allons-nous manquer de quelque chose ? De quoi ? Parviendrons-nous à nous passer de ce qui nous semblait hier essentiel ? Aurai-je encore envie d’être urgentiste, infirmière, caissier ? Quel tsunami économique nous attend ? Cette pandémie va-t-elle aboutir à un nouvel ordre mondial, à la montée des extrêmes, à l’effondrement de l’Europe ?

C’est l’autre combat. Celui de gérer l’angoisse. Qui peut sembler secondaire au regard du marathon des soins intensifs. Mais qui n’en est pas moins fondamental. Faute de quoi la reconstruction sera impossible et les séquelles trop lourdes. On vous donne des pistes, dès aujourd’hui.

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