Comment les produits ménagers polluent l’air intérieur

Le Vif

Pour diminuer la pollution de l’air intérieur, mieux vaut se passer de produits ménagers industriels, composés de « substances toxiques » affirme le magazine 60 Millions de consommateurs et favoriser des produits « faits maison » rapporte une étude de l’Ademe.

Nettoyants, désodorisants, sprays… 60 Millions de consommateurs a étudié dans son hors-série la composition de 60 produits ménagers parmi les plus vendus, en se basant sur la lecture de leur étiquette et de leur fiche de données de sécurité réglementaire. Son verdict: « ils se révèlent toxiques et polluants ». « Beaucoup contiennent une ou plusieurs substances toxiques, nuisibles à notre santé ou à l’environnement », écrit-il en préambule, les accusant d’être les « principaux responsables » de la pollution de l’air intérieur.

De leur côté, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont analysé une trentaine de produits, et testé en condition réelle une dizaine, six manufacturés et quatre « faits maison ».

Les produits industriels émettent beaucoup plus de composés organiques volatils (COV), de minuscules poussières dont certaines sont classés cancérigènes possibles, comme l’acétaldéhyde, ou avérés, comme le formaldéhyde. « Les produits manufacturés ont davantage de produits chimiques, donc ils vont dégager un cocktail de molécules plus grand » explique à l’AFP Isabelle Augeven-Bour, ingénieure qualité de l’air à l’Ademe. Mais « dans les conditions d’utilisation normales, en respectant les quantité du fabriquant et en aérant, il n’y a aucun problème », tempère t-elle.

Importante précaution pour les produits « faits maison »: limiter les huiles essentielles. « Plus il y en a, plus les émission de COV augmentent. Deux-trois gouttes suffisent! », prévient Isabelle Augeven-Bour.

Noter les produits?

60 Millions de consommateurs cible également les isothiazolinones, des conservateurs qui doivent tuer les micro-organismes à leur contact. Présents dans 67% des produits, « ils se révèlent extrêmement allergisants ». Sur les 60 produits testés, aucun n’est classé comme vertueux, neuf contiennent des substances « nocives », émettant plusieurs « substances toxiques ».

« Il faut aussi regarder le rapport bénéfice/risque. Pour avoir une certaine efficacité en désinfection, on doit avoir certaines substances actives présentes », relève auprès de l’AFP Sonia Benacquista, responsable des affaires techniques et réglementaires à l’Afise, le syndicat des produits d’hygiène industrielle.

Pour mieux visualiser sur l’étiquette la qualité d’un produit, « 60 Millions » propose un « Menag’score » qui classerait les produits de A à E en fonction de la quantité de ces substances nocives, sur le même principe que le nutri-score ainsi que la liste complète des composants. « Pour les détergents, il y a déjà une obligation de mettre les ingrédients sur internet. Il nous semble plus important de mettre sur l’étiquette des informations pratiques sur l’utilisation plutôt que la composition entière avec des noms de produits chimiques qui n’ont pas forcément du sens aux consommateurs », réplique Christelle Henry, directrice développement durable de l’Afise.

Emmanuel Chevallier, l’ingénieur-chimiste qui a mené l’étude, note pour sa part que « les pictogrammes sont peu clairs ». « Par exemple, le point d’exclamation sur les étiquettes, personne ne sait qu’il signifie concrètement que le produit est irritant », a-t-il détaillé lors d’un point presse vendredi. Les conseils pratiques comme aérer une pièce avant de l’occuper, ne pas y fumer sont aussi donnés par « 60 Millions », qui rappelle que l’air intérieur est sept fois plus pollué que l’air extérieur.

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