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Cibler l’intestin pour traiter la dépendance à l’alcool

L’intestin serait en passe de devenir une nouvelle cible thérapeutique pour traiter la dépendance à l’alcool, selon une nouvelle recherche scientifique menée par Sophie Leclercq, doctorante UCL.

L’addiction alcoolique concerne 7,5% de la population européenne et touche toutes les classes sociales. Si l’on considère depuis longtemps la problématique comme typiquement « bio-psycho-sociale » ayant des effets directs sur le cerveau, les chercheurs de l’unité de métabolisme et nutrition co-dirigée par Nathalie Delzenne (UCL) et du département de psychiatrie de Philippe de Timary (Cliniques Saint-Luc) se sont intéressés aux conséquences d’une consommation chronique et abusive d’alcool sur l’intestin. Ils ont également étudié, en collaboration avec d’autres experts de la KULeuven et de l’Université de Göteborg (Suède), le rôle du microbiote intestinal (l’ensemble des bactéries qui colonisent notre intestin) dans la dépendance à l’alcool.

Les résultats de la recherche ont ainsi montré que certains patients alcooliques présentent des altérations de la composition et de la fonction du microbiote intestinal, associées à une forte augmentation de la perméabilité intestinale, suggérant une perturbation de la fonction barrière de l’intestin, explique l’UCL mardi dans un communiqué. « Ces sujets alcooliques présentant une dysbiose sont beaucoup plus dépressifs et anxieux et ont une appétence à l’alcool beaucoup plus marquée que les sujets alcooliques ayant un microbiote normal. Cette perturbation du microbiote intestinal semble donc être associée à une forme plus sévère de dépendance et à un risque de rechute plus élevé après un programme de désintoxication », révèle l’étude. Les résultats obtenus dans cette recherche sont extrêmement encourageants car ils ouvrent de nouvelles pistes thérapeutiques, ciblant l’intestin et non plus le cerveau, dans le traitement de la dépendance à l’alcool, soulignent les chercheurs selon lesquels l’efficacité des traitements visant à rééquilibrer les neurotransmetteurs cérébraux est loin d’être parfaite.

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