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Ce qu’on ne doit jamais dire à un dépressif

Muriel Lefevre

Le psychologue Huub Buijssen donne des pistes sur ce qu’on peut faire pour aider un proche qui souffre de dépression. L’entourage joue, en effet, un rôle non négligeable dans la guérison explique-t-il dans De Volkskrant.

Comment aider une personne que l’on aime et qui souffre de dépression ? Il existe des pistes pour communiquer de façon constructive avec une personne qui semble inexorablement au fond du trou. Le psychologue Huub Buijssen en donne quelques-unes dans De Volkskrant.

Pour commencer, il est très difficile de s’imaginer ce que c’est de se sentir dépressif si l’on n’a jamais eu soi-même une dépression. Pour employer une image, quelqu’un qui souffre d’une dépression ne ressent presque plus rien, plus rien ne lui donne cette étincelle nécessaire pour démarrer. Or, selon le psychologue, l’entourage, plus que personnel soignant, peut jouer ce rôle. Car même si la personne dépressive ne montre aucun signe de reconnaissance, cela lui fait du bien d’apercevoir du fond de son trou un visage aimant.

Lorsque quelqu’un de dépressif dit qu’il souhaite rester seul, il ne faut pas le prendre trop littéralement. Il est important, mais c’est loin d’être évident, de trouver le juste dosage pour tenter de remettre ce proche en mouvement. Il ne faut pas baisser les bras tout en ne tombant pas dans le maternage. Tout cela sans faire paraitre son irritation à des personnes qui sont extrêmement sensibles à la moindre intonation. Un numéro d’équilibriste qui demande énormément d’énergie. D’autant plus que les sentiments dépressifs peuvent se montrer très contagieux. Les proches ont, à juste titre, souvent peur de se faire aspirer par la spirale. Les chiffres le prouvent : quelqu’un qui vit avec quelqu’un de dépressif a deux fois plus de chance de devenir dépressif. Il n’est pas rare qu’un proche ressente aussi de la colère, mais ce n’est souvent qu’une façon d’exprimer un certain désespoir et sa solitude face à la situation.

« L’un des indicateurs les plus importants d’une rechute dans une dépression est l’attitude des membres de la famille. Si la personne proche est critique et hostile, le patient dépressif aura plus que probablement besoin d’une nouvelle hospitalisation. Il arrive à tout le monde de ne pas aller bien, mais si vous êtes invariablement super-émotif cela peut poser un vrai problème. Il est dès lors utile de tenter de distinguer la personne et sa dépression. C’est la maladie qui dérange: pas la personne elle-même. Il semble que les hommes parviennent mieux à tenir ce rôle de « proche soignant » que les femmes. Ils visent moins la perfection et arrivent plus facilement à s’offrir des moments pour eux.

Le psychologue note encore qu’il est important de maintenir le contact avec la personne dépressive en abordant des sujets coutumiers comme les enfants, le travail, etc. Mais aussi en lui demandant ce qu’on peut faire pour lui ou en lui proposant des choses. En ne lui parlant plus, on exclut l’autre et on risque de le plonger un peu plus dans la dépression.

Il n’y a aussi rien de pire que de donner des conseils. Si c’était facile, ce serait fait depuis longtemps. Dans le même ordre d’idées, on évite de demander « comment ça va ? », car dans 99% des cas la réponse est « bien ». Il vaut mieux personnaliser la question en disant, par exemple, « la semaine dernière, j’ai remarqué que cela allait particulièrement mal, est-ce que tu te sens un peu mieux cette semaine ? ».

Enfin, voici les phrases à éviter

  • Ce n’est pas si grave
  • Il y a une lumière au bout du tunnel
  • Tu sais que ça va passer
  • C’est comme ça
  • Cela arrive à tant d’autres

Et les phrases à dire :

  • Je suis triste pour toi
  • Je vais t’aider à sortir de là
  • Compte sur moi. Dis-moi ce que je dois faire.
  • Je t’aime
  • Cela va prendre du temps, beaucoup de temps

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