© istock

Burn-out : la solution est en nous

Le burn-out est un problème extrêmement complexe et varié, qui fait souvent perdre pied aux personnes qui en souffrent. L’accompagnatrice de carrière Saskia De Bondt est en première ligne pour leur venir en aide.

Le burn-out est un terme récurrent dans les médias et les conversations. Pourtant, nombreux sont ceux qui réalisent seulement très tard qu’ils en sont eux-mêmes victimes. Est-ce dû à un manque de connaissance et de conscience de soi ? Saskia De Bondt n’en est pas convaincue. En tant que conseillère auprès de la Confédération des Syndicats Chrétiens (CSC), elle se penche sur le problème du burn-out depuis une petite dizaine d’années. Chaque année, une cinquantaine de personnes, à tous les stades de la maladie, viennent lui demander de l’aide. Certaines sont en pleine crise, tandis que d’autres se réjouissent à l’idée d’être réintégrées dans leur entreprise.

Succomber sous la pression

Saskia De Bondt considère le burn-out comme un long processus insidieux, un mal qui s’aggrave petit à petit imperceptiblement et touche surtout les personnes qui accordent volontiers leur aide aux autres et veillent toujours à ce que tout soit fait dans les règles de l’art.  » Même s’ils ont le même patron, les mêmes conditions de travail et les mêmes soucis, tous les travailleurs ne sont pas sensibles au burn-out. Les uns savent plus facilement dire non, tandis que les autres sont incapables de poser des limites et continuent à travailler jusqu’à ce que tout soit réglé dans les moindres détails. Il s’agit souvent de personnes attentionnées et perfectionnistes qui ont appris dès leur plus jeune âge à ne pas montrer leurs faiblesses. Un petit mal de gorge ? Ne fais pas d’histoires et va à l’école ! Cela a fait d’elles des adultes dociles, très efficaces, animés d’un grand sentiment de culpabilité, qui acceptent difficilement les échecs, etc.  »

D’autres aspects entrent évidemment aussi en ligne de compte, comme la pression sociale visant à accepter toute innovation et à ne pas dire non.  » Mais nous ne pouvons pas nous laisser induire en erreur par les vulnérabilités individuelles. Bon nombre d’employeurs se plaisent à souligner que le travailleur est la cause du problème et qu’il lui incombe par conséquent d’y apporter des solutions. Ils détournent ainsi l’attention de l’organisation et influencent la mentalité régnant dans l’entreprise, alors que tout le monde s’accorde pour dire que la cause majeure du burn-out se situe dans le surmenage et la mauvaise gestion du travail.  »

Que faire ?

Le burn-out présente en outre une multitude de variantes. On ne peut pas établir de comparaisons et affirmer avec certitude que le mal dont souffre la personne relève ou non du burn-out. Ce n’est pas non plus une maladie qui se soigne à l’aide de médicaments. Il s’agit en effet d’un problème qui affecte tant de facettes de l’existence qu’il est difficile à déterminer avec précision. Si vous craignez d’être atteint d’un burn-out, Saskia De Bondt vous conseille de consulter le plus rapidement possible votre médecin traitant afin de lui faire part de vos inquiétudes.  » N’attendez pas d’être en pleine crise et dans l’incapacité totale de réagir car votre médecin aura alors beaucoup plus de difficultés à poser un diagnostic. Si vous tirez la sonnette d’alarme à temps, il aura une vision plus large du problème et pourra sans doute réagir de manière plus nuancée.  » Elle se méfie des solutions temporaires comme quelques semaines d’arrêt maladie, des antidépresseurs ou des somnifères quand la situation n’est pas claire. Ces derniers modèrent les symptômes et peuvent dès lors donner la fausse impression que la situation s’améliore. Mais ils sont loin de suffire en cas de burn-out.

Peut-on agir seul pour remonter la pente ? Il y a certes des exceptions, constate Saskia De Bondt, mais ce n’est généralement pas une bonne idée.  » Un burn-out se développe toujours dans le cadre de la relation que l’on entretient avec d’autres personnes de son entourage. On se retrouve enfermé depuis des années dans ses propres convictions et on refuse de faire face à ses traits de caractère personnels. La personne en détresse a beau considérer cette tendance au perfectionnisme comme la plus normale du monde, les autres la voient presque comme un signe de folie. Il est donc difficile de se défaire soi-même de telles convictions sans aide ni confrontation. Le manque de confiance en soi est également la preuve que l’on éprouve des difficultés à s’en sortir par soi-même. De plus, ce n’est pas à la personne seule de réparer toutes les erreurs commises sur son lieu de travail. Tout le monde doit y mettre du sien.  »

Le retour au travail

Il importe donc de trouver de l’aide. Le médecin est le premier interlocuteur, mais le burn-out n’est pas qu’un simple problème de santé. On perd sa confiance en soi, le goût à exercer ses activités, etc. Internet regorge d’offres de thérapeutes. Certains d’entre eux sont de qualité et, vu leur expérience en la matière, les accompagnateurs de carrière peuvent vous aider à les trouver. Il est toutefois essentiel qu’une bonne connexion s’établisse entre vous et votre thérapeute. Certaines personnes préfèrent une approche scientifique médicale, tandis que d’autres se tourneront plus volontiers vers une démarche plus spirituelle.

Saskia De Bondt n’intervient qu’à un stade ultérieur du processus, à savoir quand le patient est prêt à recommencer à travailler. Ensemble, ils se mettent en quête de forces, de valeurs et d’une vision sur la vie et sur la manière dont ils entendent l’aborder. Ces activités ne sont pas toujours purement axées sur les conditions de travail, mais visent également à aider la personne à se reconstruire. Par exemple, en apprenant à gérer le perfectionnisme, à accroître la confiance en soi, etc. Est ensuite mis en place l’accompagnement de carrière individuel, qui consiste à analyser comment les valeurs personnelles correspondent aux activités et à la mentalité au travail, de quelle manière aborder ce retour professionnel, quelles sont les exigences minimales pour en faire une réussite, etc. Saskia De Bondt pose un regard très objectif à cet égard :  » Dans l’ensemble, plus l’absence a été longue, plus le retour au travail sera difficile. Les chances de succès sont les plus grandes dans les entreprises pratiquant une communication ouverte, qui ne taisent pas les choses et prennent le temps de parvenir à des solutions.  » Elle estime toutefois qu’il est impératif que les dirigeants remettent en question leur propre fonctionnement et soient prêts à considérer le burn-out non pas comme un problème individuel mais comme un signal d’alarme pour le fonctionnement général de l’équipe ou de l’entreprise. Une volonté de prendre la responsabilité du bien-être des travailleurs.  » Quelques heures de yoga durant l’heure du déjeuner et des séances d’information ne suffisent hélas pas. Ce genre de politiques sur papier ne change pas la culture d’une entreprise.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire