© Reuters

Amish : quand un mode de vie protège contre l’asthme

Le Vif

Les enfants qui grandissent dans les communautés traditionnelles amish aux Etats-Unis sont largement protégés contre l’asthme car leur système immunitaire est renforcé par leurs contacts permanents avec les microbes des animaux des fermes où ils vivent.

Pour en arriver à ces conclusions, une étude publiée dans l’édition du 4 août du New England Journal of Medicine a comparé deux communautés traditionnelles assez similaires, les Amish dans l’Indiana (nord) et les Huttérites dans le Dakota du Sud (nord), qui ont différentes méthodes d’élevage.

Les Amish vivent sur des fermes laitières où ils utilisent des chevaux comme moyen de transport et pour les travaux des champs. Les Huttérites quant à eux utilisent des outils modernes pour exploiter leurs fermes communes: ils sont ainsi moins en contact direct avec les animaux.

La plupart des aspects de la vie de ces deux communautés sont par ailleurs assez semblables. Ils ont des ancêtres génétiques communs, des migrants d’Europe centrale, et leurs régimes alimentaires, identiques à ceux des fermes traditionnelles germaniques, sont similaires.

Ils boivent du lait cru, font vacciner leurs enfants et ceux-ci sont nourris au sein quand ils sont bébés. Ils n’ont pas d’animaux domestiques à l’intérieur de leurs maisons.

Mais malgré ces importantes similitudes, les taux d’asthme dont ils souffrent sont très différents: seuls 5% des enfants en âge d’être scolarisés ont de l’asthme chez les Amish, la moitié de la moyenne nationale américaine. A l’inverse, les enfants huttérites connaissent un taux d’asthmatiques inhabituellement élevé, à 21,3%, constate l’étude.

« Il y a plus de 10 ans notre collègue Erika von Mutius a découvert que grandir sur une ferme pouvait protéger contre l’asthme », explique Carole Ober, coauteure de l’étude, professeur de génétique humaine à l’université de Chicago.

« Notre nouvelle étude, basée sur ses travaux, montre que ce n’est pas le simple fait de vivre à la ferme qui est important en la matière, et nous avons trouvé des raisons plus précises sur ce qui peut protéger contre l’asthme », ajoute-t-elle.

Poussière dans les maisons

Les chercheurs ont découvert que la différence tenait au type de poussières à l’intérieur de leurs maisons: celles dans les habitations des Amish « sont plus riches en productions microbiennes », souligne ainsi l’étude.

« Ni les maisons des Amish ni celles des Huttérites ne sont sales », tiennent à noter les auteurs. « Elles sont propres. Toutefois, les granges des Amish sont plus proches des maisons et les enfants courent à travers, souvent pieds nus, à longueur de temps. Il n’y a pas de saleté apparente dans les maisons amish, mais c’est juste dans l’air, dans la poussière ».

Et c’est cette poussière qui pousse le système immunitaire des enfants à combattre l’asthme.

Les tests sanguins menés sur 30 enfants amish et 30 huttérites âgés de 7 à 14 ans ont ainsi montré que les premiers avaient davantage de cellules cruciales pour combattre les infections, connues sous le nom de neutrophiles. Ils avaient aussi moins de cellules déclenchant des réactions allergiques (éosiniphiles).

« Nous espérons que nos découvertes permettront l’identification de substances pertinentes qui ouvriront la voie à de nouvelles stratégies pour prévenir l’asthme et les allergies », dit encore Erika von Mutius, professeur à l’hôpital universitaire de Munich, en Allemagne, également coauteure de l’étude.

Les Amish sont un groupe religieux qui refuse la vie moderne. Ils ont leurs propres écoles, parlent un dialecte allemand, portent des vêtements traditionnels, se déplacent en carriole à cheval et refusent pour beaucoup l’électricité. Ils sont environ 280.000 aux Etats-Unis.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire