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Affrontez vos peurs

Stefanie Van den Broeck Journaliste Knack

Avez-vous peur des araignées, des maladies ou des contacts sociaux ? Alors « l’exposition » est la meilleure thérapie. « Il est vrai qu’il y a des obstacles pratiques. Une visite au serpentarium peut se révéler nécessaire ».

De l’ablutophobie (peur de se laver) à la coulrophobie (peur des clowns) en passant par la thanatophobie (peur de la mort), la liste de phobies est longue comme un jour sans pain. Si vous avez peur des clowns, vous n’aurez pas à subir beaucoup d’inconvénients dans la vie de tous les jours. Cependant, ceux qui souffrent d’ablutophobie ne se facilitent pas la vie, ainsi que celle de leur entourage.

Heureusement, il existe toutes sortes de thérapies, et la plus étudiée est la thérapie d’exposition. Cependant, celle-ci ne semble pas aussi populaire partout. Des chercheurs de l’Université technique de Dresde tirent la sonnette d’alarme : une enquête menée auprès de 684 thérapeutes du comportement révèle qu’à peine la moitié d’entre eux optent pour cette thérapie. Il n’y a pas de chiffres disponibles pour la Belgique, déclare la psychologue clinicienne Sara Scheveneels (KU Leuven), auteure d’un doctorat sur l’exposition. « Aux Pays-Bas, les chiffres sont beaucoup plus encourageants : une enquête menée en 2015 a montré que près de 98 % des thérapeutes comportementaux l’utilisent dans les troubles anxieux. Il serait certainement utile de mener une telle enquête en Belgique, afin que nous sachions où nous en sommes ».

Mais comment fonctionne l’exposition? Selon Scheveneels, les phobies et les troubles anxieux sont liés aux attentes : on a peur des chiens parce qu’on s’attend à ce qu’ils mordent, on a peur de parler devant un public parce qu’on s’attend à faire des erreurs et à se ridiculiser devant tout le monde, etc. « C’est pourquoi les gens commencent à éviter certaines situations ou certains objets. Le grand inconvénient est bien sûr que du coup ces attentes ne sont jamais confrontées à la réalité : si vous ne vous approchez jamais d’un chien, vous ne savez pas s’il va vraiment attaquer. Le concept d’exposition, c’est d’affronter sa peur. De cette façon, ces attentes, qui sont généralement incorrectes, sont infirmées et la peur diminue. On voit même sur les scans du cerveau que les connexions entre le cortex préfrontal et l’amygdale (le centre d’anxiété) se renforcent après un traitement par exposition. C’est vraiment la technique fondée sur des données probantes pour les troubles anxieux. »

S’exercer à la maison

Au cours de son doctorat, Scheveneels a examiné des étudiants qui avaient peur des araignées et des rats. Ils ont appris à ne plus les fuir, mais à les affronter. Évidemment, cela ne se fait pas en un-deux-trois. Il est important que les gens comprennent mieux leur peur. Puis la confrontation elle-même commence. Celle-ci peut commencer par l’image d’une araignée ou une araignée en plastique. Ensuite, vous laissez les gens regarder de loin une boîte (fermée !) avec une araignée. Ensuite, ils s’approchent un peu plus et sont autorisés à toucher la boîte. Jusqu’à ce qu’ils osent enfin toucher eux-mêmes une araignée. Mais les patients décident eux-mêmes à quel rythme ils passent par ces étapes. Il est également très important qu’ils continuent à s’entraîner à la maison par la suite. S’ils retombent dans l’évitement, la peur peut devenir aussi intense qu’avant. »

Pour les thérapeutes aussi, l’application de l’exposition demande parfois un effort supplémentaire. En tant que psychologue, un bureau, quelques chaises et un canapé suffisent généralement, mais pour cette technique, il faut se procurer des araignées et des rats. « C’est vrai qu’il y a des obstacles pratiques », dit Scheveneels. Les séances durent souvent plus longtemps – jusqu’à trois heures – et il faut se préparer un peu. De temps en temps, une visite au serpentarium se révèle nécessaire. Pour certains troubles, il est également important de se rendre au domicile du patient. L’exposition fonctionne aussi pour les personnes victimes d’une obsession: elles vérifient très souvent si leur porte d’entrée est verrouillée, par exemple. La meilleure façon d’y parvenir est d’organiser la séance dans leur propre environnement. »

On peut également recourir à la réalité virtuelle, révèle une étude récente. « Pour mon doctorat, j’ai demandé à des étudiants de faire des présentations devant un auditoire virtuel avec la peur de parler. Cela aussi s’est avéré avoir de bons effets. Concrètement, bien sûr, cela présente un certain nombre d’avantages : vous pouvez exposer les patients à différentes situations d’une manière très contrôlée, adaptée à leurs angoisses spécifiques. Et avec de bonnes lunettes VR, ça semble très réel, on oublie que c’est juste quelque chose de virtuel. Bien que je pense qu’il faut toujours associer l’expérience à une exposition in vivo, car ces lunettes ne permettent pas de se confronter à toutes les angoisses. »

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