2015, l’année où tout est devenu mauvais pour la santé

Méfiez-vous des membres de votre famille et de vos collègues qui vous souhaitent une « bonne santé » pour 2016, car il semble que même ce domaine n’échappe pas au radicalisme.

« Le sucre crée la même accoutumance que le tabac », rester assis est aussi mauvais que fumer », « la viande transformée nuit autant à la santé que la cigarette »… Cette année, la culture généralisée de la peur a également envahi le secteur de la santé. N’est-il pas de temps de créer le hashtag #nousexagéronsunpeu ?

L’aperçu santé de l’année nous fait frémir. Si entre-temps, on sait que les cigarettes, le sucre et les produits industriels aux noms imprononçables sont à éviter, on apprécie nettement moins de devoir renoncer à notre steak saignant « probablement » cancérigène et de supprimer des groupes alimentaires entiers tels que les glucides – entendez : le pain blanc, les pâtes, le riz et les pommes de terre.

Cette année, notre vie sédentaire aussi a été vouée à la damnation. Rester assis longtemps augmenterait les risques de diabète et de maladies cardiovasculaires. Certains experts comparent même leurs effets à ceux du tabac. Et on ne parle même pas des aspects de notre vie où on n’a que peu d’emprise. Le niveau de particules fines serait anormalement élevé, non seulement en ville, mais aussi à la campagne. Et avant d’aller s’aérer à la mer, mieux vaut réfléchir deux fois, car la brise marine est moins saine qu’on ne le croit.

Le plastique, le véritable poison

Les produits de soins, les vêtements, les emballages en plastique et les jouets de nos enfants contiendraient également des substances qui perturberaient nos hormones. Sans parler du cancer, des conséquences pour notre immunité, de TDAH et d’autisme. Spécialiste de la fertilité, Petra De Sutter, évoque même « un plus grand scandale que celui de Volkswagen » dans le magazine Knack.

En 2015, le désir d’une vie parfaite a sombré dans l’extrémisme alimentaire qui s’apparente au fondamentalisme religieux

Aussi n’est-il pas étonnant que de plus en plus de gens pensent que tout ce qui les entoure peut leur donner le cancer et qu’ils essaient vaille que vaille de maîtriser leur santé en se jetant sur leur alimentation. En 2015, le désir d’une vie parfaite a sombré dans l’extrémisme alimentaire qui s’apparente au fondamentalisme religieux. Le sucre, le gluten, le lait, la viande rouge, etc. Mieux vaut éviter tous ces aliments si l’on ne veut pas être maudit.

L’obsession de la santé incite même les plus pragmatiques à réfléchir à leur mode de vie. Elle est devenue incontournable. Tout à coup, les rayons de supermarchés sont remplis de produits sans gluten et sans lactose, d’épeautre, de quinoa, de superfoods, etc. Et celui qui ose déposer un pain blanc dans son chariot se heurte aux regards désapprobateurs de ses congénères.

En 2015, l’alimentation est devenue une façon d’affirmer son identité. La nourriture nous distingue des autres et donne du sens à la vie. La personne qui commande un latte au soja dans un bar branché souhaite véhiculer une autre image que celle qui mange une crêpe au sucre au salon de thé local.

Instagram, le nouveau poison

Aussi n’est-il pas étonnant que cette année un nouveau trouble a fait son apparition dans les médias : l’orthorexie nerveuse, une obsession maladive de l’alimentation saine. Le terme a été inventé il y a presque 20 ans par le médecin américain et patient Stephen Bratman. Cette année le nombre de cas a cependant explosé, suite notamment aux réseaux sociaux. Les patients diffusent en effet « l’Évangile » sous l’influence de célébrités telles que Madonna et Gwyneth Paltrow qui publient des photos de leurs ventres plats assortis de clichés de mixtures vertes peu appétissantes.

C’est peut-être ça le véritable poison. Pas le sucre, mais la « propagande continuelle de la pureté » transmise par les blogs de santé et où la mousse au chocolat s’est tout à coup transformée en avocat mixé à la poudre de cacao.

Si les nouveaux conseils alimentaires de gourous du régime et de faux prophètes sont certes divertissants, ils sont aussi radicaux. C’est pourquoi il vaut mieux respecter les conseils des nutritionnistes traditionnels : les personnes en bonne santé ont intérêt à manger toutes sortes d’aliments (naturels) que nos grands-mères connaissaient déjà et dont les noms sont prononçables. Et non, vous n’allez pas mourir de ces quelques pralines ou de ces verres cava. Tout est une question d’équilibre. La nourriture n’est pas notre ennemie. N’oubliez pas que c’est elle qui nous garde en vie.

Vous assistez à un drink de la nouvelle année où on vous propose des baies du goji et de l’eau-de-vie écologique ? Méfiez-vous. C’est peut-être le bon moment de lancer votre bonne résolution pour 2016 : adopter un mode de vie malsain, mais avec modération !

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