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Myriam Leroy : « Le geste n’est beau que quand il est discret »

« J’adore rendre service, pas par grandeur d’âme mais parce que je prends plaisir à trouver des solutions pour les autres.  » Myriam Leroy, 36 ans, journaliste, chroniqueuse, romancière et dramaturge.

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

Pour moi, le geste n’est beau que quand il est discret, voire secret. Quand on me sollicite pour être la marraine d’une ONG ou d’une association caritative, cela me met terriblement mal à l’aise. J’accepte parfois, même si je trouve que s’attribuer des qualités de générosité via son implication dans une ONG est très gênant.

Qu’avez-vous fait récemment pour vous-même ?

Cet été, je me suis offert de longues vacances. J’ai souffert longtemps du Fomo (NDLR : Fear of missing out) qui me poussait à sortir tout le temps pour être sûre de ne rien rater. Alors qu’en réalité, ce qui me convient réellement, c’est le silence et le chant des oiseaux. Aujourd’hui, je suis plus à l’écoute de mes besoins.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

J’adore rendre service, pas par grandeur d’âme mais parce que je prends plaisir à trouver des solutions pour les autres. Ce que je fais le plus souvent est d’aiguiller les gens dévorés par leur anxiété vers ce qui pourrait les apaiser : des praticiens classiques ou occultes, en passant par les compléments alimentaires, les lectures et les médicaments. Je suis devenue une sorte de Google humain pour tout ce qui peut aider les angoissés.

Et pour la société ?

Je suis devenue végétarienne. Je ne suis pas encore totalement vegan, mais j’y travaille. C’est une prise de conscience face au modèle de production industriel en vigueur, que le fait d’avoir vu Petit Paysan(NDLR : film d’Hubert Charuel, trois Césars en 2018) et d’avoir adopté un chien. Quand je vois mon chien, je me rends compte que l’intelligence non humaine me fascine de plus en plus.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez-pas ?

J’ai pour habitude ne pas réagir aux attaques de mes détracteurs. A partir du moment où ce n’est pas une infraction pénale, je pars du principe que mieux vaut avoir la paix que d’avoir raison ! Intérieurement, j’essaie de ne pas prendre ces attaques  » personnellement « .

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous a fait du bien ?

Je ne suis pas une adepte du genre feel good… Mais lorsque je tombe sur un film ou un livre inspiré et brillant, même s’il est noir, cela me fait du bien. Au cinéma, dernièrement : The Guilty (NDLR : un thriller danois écrit et réalisé par Gustav Möller).

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fier ?

Je suis sincère dans mes relations humaines et je ne fréquente pas  » utile « . Je n’ai donc pas de réseau, mais, au moins, je suis intègre et ça j’en suis fière.

Quel acte, le vôtre ou celui de quelqu’un d’autre, a changé votre vie ?

Quand Rudy Léonet (NDLR : responsable de la pop culture pour l’ensemble des médias de la RTBF) m’a donné ma chance en me proposant de faire des chroniques humoristiques sur Pure FM. J’avais beaucoup ramé professionnellement et, grâce à cela, ma carrière a enfin démarré.

Qui vous inspire ?

Virginie Despentes. C’est elle qui a fait mon éducation féministe avec King Kong Théorie. Pour moi, Despentes, c’est le futur prix Nobel de littérature.

Selon vous, le monde irait mieux si …

Si l’espèce humaine s’éteignait (rires). Non, je pense que le monde irait mieux s’il devenait socialement inconvenant d’asseoir sa domination sur la tête des femmes et si on arrêtait de tolérer la misogynie. Christiane Taubira dit qu’avant le racisme et l’homophobie, c’est sur la misogynie qu’il faut travailler, tout part de là.

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