© Illustration : Monsieur Iou

Idriss Aberkane : « Le monde irait mieux si on arrêtait d’opposer nature et emploi »

Idriss Aberkane,32 ans, expert en neurosciences appliquées et spécialiste de l’économie de la connaissance. Auteur de Libérez votre cerveau ! et L’âge de la connaissance (éd. Robert Laffont).

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

Un geste gagnant, un geste qui rapporte autant à soi qu’à l’autre. C’est l’ ikigai japonais, un principe de vie qui nous pousse à nous lever le matin dans la joie. Selon l’ ikigai, si on fait ce pour quoi on est doué, si on aime ce qu’on fait et qu’on est payé pour répondre à un besoin qu’a le monde, c’est le beau geste maximum.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

J’ai commencé un régime cétogène, ou kéto. Un régime que suivait mon assistante pour perdre du poids. Instinctivement, j’ai senti que je devais le faire aussi. Concrètement, il s’agit d’inverser la pyramide nutritionnelle pour consommer majoritairement des lipides et peu de glucides. Depuis, je n’ai plus d’allergies et ça a considérablement amélioré ma qualité de vie et de sommeil.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

J’ai créé une boîte de permaculture avec des amis. Sinon, dans mes autres activités, j’ai réinvesti systématiquement dans mes sociétés tout l’argent que je gagnais, mais aussi celui de mes livres et de mes conférences pour éviter de devoir prendre des investisseurs privés.

Et pour la société ?

J’ai créé une fondation, Bioniria, dont le but est d’encourager les chefs d’Etat à chercher de la biodiversité plutôt que du pétrole sur leur territoire.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez-pas ?

Je recommande les travaux de chercheurs qui pourtant ne me portent pas dans leur coeur, comme Franck Ramus (NDLR : psycholinguiste français) et Stanislas Dehaene (NDLR : neuroscientifique).

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?

J’ai lu un article sur une Américaine qui, après avoir perdu un bras dans un accident de moto, a créé un profil sur Tinder bourré d’humour qui a fait le buzz. Elle a finalement reçu plein de demandes en mariage mais également pas mal d’argent via un crowdfunding pour financer sa prothèse.

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fier ?

Mon projet au Sénégal, où nous plantons des arbres Moringa. Chaque plantation permet de faire vivre deux familles. Aujourd’hui, nous voudrions aller plus loin en proposant de remplacer les cannes à sucre exploitées par la compagnie sucrière sénégalaise par du miscanthus, un arbre bien plus bénéfique et écologique.

Quel acte a-t-on posé vis-à-vis de vous et qui a changé votre vie ?

Mon associé en Suisse qui m’a aidé à créer ma fondation. Il est tellement intègre que j’ai pu verser l’argent sur son compte personnel afin de la constituer.

Qui vous inspire ?

Le Belge Gunter Pauli (NDLR : le Steve Jobs du développement durable, considérant les déchets comme une source de valeur). Il promeut, par exemple, des couches-culottes 100 % biodégradables qu’on enterre après utilisation. Elles se transforment en  » terre noire  » favorisant la culture d’arbres fruitiers.

Quelle est la dernière chose que vous ayez donnée ?

J’ai donné de l’argent à une copine qui veut monter un projet de Centre d’équitation urbain, sur le modèle de la Fletcher Riding School à Philadelphie. L’idée est d’implanter des centres équestres dans les villes pour connecter les gens à la nature, car on a constaté que ça diminuait la criminalité et la consommation de drogue dans la ville.

Selon vous, le monde irait mieux si …

Si on arrêtait d’opposer nature et emploi.

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