La peau de requin est particulièrement hostile pour les micro-organismes qui s'épuisent à vouloir s'y accrocher, avant de renoncer. © getty images

De la peau de requins dans… les hôpitaux, pour lutter contre les bactéries

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Immaculée, propre et dépourvue de bactéries, la peau des requins a inspiré un matériau spectaculaire qui permet de lutter contre la prolifération des bactéries en milieu hospitalier.

Dans le contexte de la montée inquiétante de la résistance aux antibiotiques, le milieu médical est particulièrement concerné par cette innovation, puisqu’il lui faut limiter le nombre de maladies nosocomiales, ces infections contractées à l’hôpital et principalement dues à des staphylocoques résistants à la méticilline (MRSA) ou aux bactéries intestinales à Gram négatif (Escherichia coli) multirésistantes. En Belgique, quelque trois mille personnes meurent chaque année des suites de maladies nosocomiales.

En Belgique, par an, trois mille personnes meurent des suites de maladies nosocomiales.

« Sharklet » est un microfilm très fin (à l’échelle d’un micron) qui repousse les bactéries et certains virus et les empêche de s’installer, sans arsenal désinfectant, sans toxines, sans métaux lourds, tout en restant efficace même en cas de lavage. Pour ce faire, il imite la structure de la peau des requins. Si cette dernière est douce et lisse caressée dans un sens, elle est rugueuse à « rebrousse-poil », puisqu’elle est recouverte d’écailles placoïdes tranchantes en forme de dents, qu’on appelle « denticules cutanés ». Elle constitue un environnement particulièrement hostile pour les micro-organismes qui s’épuisent à vouloir s’y accrocher, avant de renoncer. Idem pour les crustacés ou les algues.

L’inventeur du Sharklet, un professeur de l’université de Floride, en a eu l’idée après avoir été mandaté par la marine américaine pour trouver un moyen de débarrasser les coques des navires et des sous-marins des colonies d’algues. L’oeil du scientifique a balayé le Pacifique et s’est attardé sur un requin à la peau immaculée. Cette muse de l’océan lui a inspiré la création du microfilm qui a le mérite de pouvoir être appliqué presque partout – structures de lit, matelas, blouses médicales, gants, pansements, pacemakers, cathéters (les cathéters urinaires antibactériens sont commercialisés aux USA depuis 2018), poignées de porte, boutons d’ascenseur, machines, ordinateurs… Et dont le prix est abordable: environ cinq dollars le mètre carré. Le Sharklet s’en va désormais à la conquête des hôpitaux européens, puisqu’il a été présenté en novembre au salon français Biomim’expo, le grand rassemblement du biomimétisme et des innovations bioinspirées.

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