Portugal: « Jésus avait aussi deux papas », l’affiche qui fait scandale

Stagiaire Le Vif

Une affiche du Bloc de gauche portugais, qui fêtait l’adoption au Parlement de la loi autorisant l’adoption pour les couples homosexuels, a mis le feu aux poudres dans les cercles catholiques portugais.

C’est la polémique qui agite actuellement le Portugal. Cette affiche controversée, qui a animé les débats ces derniers jours, représente le Christ sur fond rose, où l’on peut y lire « Jésus avait aussi deux papas ».

Affiche illustrant le passage de la loi pour l'adoption pour les personnes de même sexe.
Affiche illustrant le passage de la loi pour l’adoption pour les personnes de même sexe.© Esquerda.net

Le slogan, lancé dans le but de célébrer l’entrée en vigueur définitive de la loi autorisant les couples de même sexe à adopter, n’a pas fait l’unanimité, en particulier au sein des milieux catholiques. Dans un pays encore très fortement rythmé par la religion, l’angle humoristique choisi par « Bloco de Esquerda » (Bloc de Gauche) n’était manifestement pas au goût de tout le monde.

Des réactions de toutes parts

La controverse est alimentée depuis maintenant une semaine et n’a pas manqué de provoquer de multiples réactions au sein de la communauté catholique. Le 26 février, la Conférence épiscopale portugaise a taxé le message véhiculé par l’affiche « d’insulte aux croyants ». Dans un même temps, le cardinal de Lisbonne a déclaré, lui, que le slogan « était le pire des mensonges ».

« Jésus a toujours fait référence à Dieu comme étant son père. Il avait une mère, Marie, et un père adoptif, selon la terminologie d’aujourd’hui, qui était Joseph. »

Mais les réactions ne s’en sont pas uniquement tenues aux milieux ecclésiastiques. Le monde politique réplique aussi, via notamment Mota Soaras, membre du CDS, le parti populaire du Portugal, qui a estimé qu’il s’agissait « d’une offense à la sensibilité de beaucoup de Portugais » bien qu’il précise que la liberté d’expression doit rester totale. Un autre député du centre droit a qualifié l’affiche de « lamentable ».

Du côté du Parti de Gauche, les créateurs de l’affiche défendent bien entendu leur action et soulignent « qu’ils respectent les religions mais qu’ils n’ont aucun tabou ». Leur objectif était simplement de faire réagir la population en reprenant un slogan déjà utilisé pour le combat pour les droits civils.

Le parti radical a également ajouté que l’affiche n’était à la base pas destinée à être exposée dans les rues, mais devait se résumer uniquement à une publication sur les réseaux sociaux. De son côté, le Premier Ministre Antonio Costa (PS), soutenu par le « Bloco de Esquerda », a botté en touche, et est resté bien éloigné de la polémique.

Un pays rythmé par la religion catholique

Si la polémique a connu une telle ampleur, c’est parce que l’immense majorité des Portugais se déclare catholique et pratique sa religion avec ferveur. Les églises sont toujours bondées les dimanches et les fêtes religieuses sont nombreuses. Sans oublier que c’est au Portugal que se trouve la ville de Fatima, lieu célèbre du pèlerinage catholique, où en 1917, trois jeunes bergers auraient été témoins de l’apparition de la Vierge Marie.

Le 10 février dernier, le Parlement portugais a confirmé la loi autorisant les couples de même sexe à adopter. L’ensemble des partis de gauche, majoritaires depuis les élections d’octobre 2015, ont voté en faveur la législation. Le Président, Cavaco Silva (Parti social-démocrate), qui avait apposé son véto au texte de loi, va désormais être obligé de le promulguer.

La proposition de loi était une promesse de campagne phare de l’actuel Premier Ministre, arrivé au pouvoir en novembre dernier. Auparavant, la loi autorisant le mariage homosexuel, datant de 2010, interdisait catégoriquement le droit à l’adoption aux couples de même sexe.

Maxime Defays.

(Source : Courrier International , Publico)

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