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Méditerranée: la prolifération de la rascasse volante, une menace pour l’écosystème

Stagiaire Le Vif

Originaire de l’océan Pacifique et Indien, la rascasse volante, ou poisson-lion, est une créature tropicale couverte d’épines vénéneuses et d’un dard qui peut aller jusqu’à tuer l’homme dans quelques rares cas. Ce type de rascasse est aussi un prédateur menaçant pour la grande majorité des espèces de poisson.

Contrairement à certains de ses cousins comme la rascasse brune ou la rascasse de fond, il est plus qu’inhabituel de trouver des rascasses volantes en mer Méditerranée. Vues pour la première fois dans cette mer en 1991, au large d’Israël, de nouveaux spécimens ont été aperçus, il y a peu, le long des côtes chypriotes, turques et tunisiennes.

Un prédateur redoutable

Le pterois miles (son nom scientifique) est « un poisson qui a déjà causé de graves dommages économiques et environnementaux dans d’autres parties du monde en raison de sa voracité« , a annoncé, inquiet, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En effet, la prolifération de ce poisson a déjà perturbé l’écosystème marin dans d’autres parties du monde, notamment dans les Caraïbes.

Il faut dire que les femelles, qui atteignent parfois 40 cm, sont capables de libérer environ 12 000 oeufs tous les quatre jours. Ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour les chercheurs en cette période critique pour les espèces maritimes s’avérerait en fait destructeur.

Selon une étude menée par deux chercheurs de l’Oregon State University, ces poissons sont capables de décimer environ 80% des populations endémiques qui se trouvent autour d’eux. « Ce poisson peut avoir un effet négatif sur les écosystèmes ainsi que sur les économies locales », notamment en réduisant les populations de poissons locaux pour les pêcheurs, a souligné de son côté Carlos Jimenez, chercheur au Cyprus Institute à Nicosie.

Chasse aux rascasses volantes en Floride

Tandis que les scientifiques s’étonnent de voir le poisson se transformer en machine de guerre, les autorités elles, tentent de limiter son expansion. En Floride, par exemple, la rascasse volante a proliféré à une vitesse impressionnante obligeant la Commission de conservation des poissons et de la faune en Floride, à instaurer, fin mai, une compétition de chasse contre ces poissons pour réduire leur invasion de masse.

Selon Alex Fogg, un biologiste de la commission, « les études ont montré qu’il y une baisse significative du nombre de poissons dans les récifs que les poissons-lions avaient envahis ». « Les petits crustacés et les poissons font partie de leur régime alimentaire. Les poissons « nettoyeurs » sont mangés et les récifs ne sont dès lors plus nettoyés. Ce qui entraîne la prolifération d’algues et de végétations qui conduisent à la mort du récif« , ajoutait-il dans National Geographic.

Par ailleurs, plusieurs pays riverains de la mer des Caraïbes comme Cuba, la Colombie ou les Bahamas ont encouragé leur population à manger la rascasse volante – en prenant bien soin d’enlever les épines vénéneuses- afin de limiter sa prolifération.

Les raisons de leurs présences en mer Méditerranée restent pour le moment en suspens. Pour certains, ce serait des particuliers qui auraient acheté ces poissons-lions pour leurs aquariums et les auraient relâchés dans le milieu naturel. Une seconde hypothèse, avancée par Maria del Mar Otero du programme Méditerranée de l’UICN, serait qu’ils aient traversé le canal de Suez qui relie la mer Rouge à la Méditerranée.

Par F. Ca. (avec AFP)

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