Wavre : le retour de Charles II

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Le chef-lieu du Brabant wallon va sans doute retrouver un bourgmestre à temps plein. Aux dernières nouvelles, le MR ne devrait en effet pas faire partie de la prochaine équipe ministérielle fédérale et Charles Michel pourra donc retrouver son quiet bureau de l’hôtel de ville de Wavre.

Un bureau qu’il n’a, dit-il, jamais vraiment quitté, tandis que l’opposition lui reproche d’avoir déserté le terrain communal, d’avoir renié ses engagements en acceptant, en décembre 2007, le portefeuille de ministre de la Coopération au développement.  » Dès qu’il est devenu ministre, il s’est fait moins présent, affirme Arnaud Demez, chef de file Ecolo. Les Wavriens ont eu le sentiment d’avoir été trahis. Je pense d’ailleurs que cela explique pourquoi le MR, aux dernières élections, a considérablement baissé dans le canton de Wavre. « 

 » Ministre, c’est évidemment un poste à temps plein, ajoute Benoît Thoreau, chef du groupe CDH. Wavre a, depuis 2007, dû faire face à l’absence de direction de la ville car Charles Michel n’a cédé aucune parcelle de pouvoir à Françoise Pigeolet, la bourgmestre faisant fonction. La ville, est dès lors aujourd’hui comme un navire sans capitaine. Même s’il est intelligent et prétend connaître les dossiers, il n’a pas de vision à terme. C’était déjà pareil avec son prédécesseur Charles Aubecq, Charles 1er, qui dirigeait d’une main de fer, mais ne savait pas prendre de la hauteur. « 

Charles Michel pouvait-il s’occuper de la coopération au Congo ou ailleurs et, en même temps, c’est le grand écart, des problèmes de trottoirs ?  » Ministre, c’est la capacité de faire avancer des dossiers locaux, revendique-t-il avec force. Le home La Closière, par exemple, le seul home public de Wavre, pour lequel il fallait, avec la Région wallonne, investir plusieurs millions d’euros. J’ai invité Rudy Demotte il y a environ un an, et il nous a aidés à faire avancer le dossier. Mais j’ai toujours mis un point d’honneur à conserver une permanence sociale chaque semaine à l’hôtel de ville, pour écouter les problèmes des gens, les problèmes d’égout ou de clôture, et les régler. Et je le ferai plus encore, puisque je serai davantage présent physiquement. « 

Un renouveau pour le commerce

Wavre vit du commerce depuis le Moyen Age, mais semble avoir du mal à s’adapter aux souhaits des clients, à l’évolution de l’offre, à la concurrence d’autres centres (l’Esplanade à Louvain-la-Neuve, City 2 ou le Woluwe Shopping Center à Bruxelles…) et surveille d’un £il morne et vaguement jaloux les projets qui éclosent aux alentours.

 » Le grand défi pour les prochaines années, ce sera de doper le commerce local, dit le bourgmestre. Nous devrons renforcer les animations, rendre Wavre plus sexy, avec des fleurs et des éclairages. Et, sur le plan urbanistique, accroître le nombre de mètres carrés dédiés au commerce. Ce n’est pas facile, car Wavre est constitué d’un tissu urbain ancien, de petites surfaces qui ne peuvent convenir aux grandes chaînes de distribution. « 

 » On ne fera jamais à Wavre l’équivalent de l’Esplanade, estime pour sa part Benoît Thoreau, mais Wavre doit réagir par rapport au déclin que l’on constate en centre-ville, doit apporter autre chose, l’âme de ses vieux quartiers, de jolies façades, des étages où l’on loge. La majorité a réservé un budget de 200 000 euros pour promouvoir le commerce. Fort bien, sauf que cette somme n’a servi qu’à organiser deux défilés à l’hôtel de ville… Le commerce wavrien présente de nombreux déficits. Des secteurs entiers du commerce ont quasi disparu, surtout dans l’alimentation (boulangers, charcutiers, crémiers…). Et si vous devez changer une ampoule électrique, il ne vous reste qu’à partir vers le Brico. « 

Une ville de vieux ?

Wavre doit donc d’abord séduire ses habitants.  » A commencer par les jeunes, dit Ghislain Stengele, l’unique élu PS. S’ils veulent se distraire ou s’amuser, ils doivent aller ailleurs : il n’y a même pas de cinéma à Wavre, ni de piscine publique.  » Et s’ils veulent s’installer à Wavre, le coût du logement est prohibitif, poursuit-il. Pour un appartement familial trois chambres dans un quartier résidentiel, il faut compter 1 100 euros par mois !

 » Wavre, pourtant, ne comprend pas que des riches, explique l’Ecolo Arnaud Demez. Mais les habitants qui, dans les années 1970, ont acheté des maisons dans les nouveaux quartiers résidentiels ont pris de l’âge, revendent leur maison et viennent habiter en ville, en appartement. Cela pousse les prix. Dans le même temps, le nombre de logements sociaux n’a pas augmenté, la ville privilégie depuis longtemps la création de logements moyens pour attirer les retraités. « 

Et ne souhaite surtout pas voir le nombre de ses administrés gonfler outre mesure.  » Wavre n’est pas une ville-dortoir, affirme Charles Michel. Au c£ur du Brabant wallon, on a créé de l’emploi (6 000 pour le zoning). Il faut trouver le point d’équilibre entre activité économique et qualité de vie, ce qui passe par une utilisation parcimonieuse du territoire, le respect des zones agricoles ou vertes. Nous devons stabiliser la population à 32 000 ou 35 000 habitants, à l’échelle des écoles, des moyens de transport. Il serait facile d’accorder des permis qui nous feraient passer à 40 000 habitants en deux ans. « 

MICHEL DELWICHE

Nous devons stabiliser la population à 32 000 ou 35 000 habitants

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire