Voiture, go home !

Namur repense sa mobilité en profondeur. En créant des parkings-relais en périphérie et en limitant drastiquement la vitesse dans le centre-ville. De quoi pousser les usagers à abandonner leur voiture.

Cela sonne comme une promesse : dans dix ans, on ne reconnaîtra plus Namur. Au-delà du slogan, c’est une volonté politique réelle, assure-t-on au sommet. Les automobilistes n’ont qu’à bien se tenir, car ils sont les premiers visés. Le but est clair : retrouver le plaisir de la rue et partager l’espace public que la voiture monopolise dans une ville qui se voudrait plus conviviale et axée sur les usagers faibles.

Pour donner l’envie et le réflexe aux Namurois de se déplacer autrement, il n’y a pas 36 solutions : il faut proposer des alternatives. Et c’est à cela que les autorités s’attellent depuis le début de la législature. La liste des projets est longue et les premières idées commencent seulement à se concrétiser.  » Pour arriver à un changement fondamental, cela prend du temps, affirme Patricia Grandchamps, échevine de la Mobilité (Ecolo). Il faut transformer la ville. Et mieux vaut être patient, avec les procédures administratives, autorisations ou demandes de subsides… « 

 » Namur est dans une cuvette. C’est pour cela qu’il y a des problèmes de mobilité, ajoute Jacques Etienne, le bourgmestre (CDH). Nous devons défendre le modèle namurois : ici, tout est au centre. Cela implique d’améliorer la mobilité, les parkings. Il faut booster cette ville.  »

Pour y arriver, la capitale wallonne débloquera un budget de 16 millions d’euros sur les trois prochaines années. Mais ses ambitions sont telles que certains projets n’aboutiront pas avant la fin de la législature… Ce sera donc à la prochaine majorité de prendre le relais. Si elle le veut bien…

A terme, Namur devrait être quadrillée par un nouveau réseau. Une fois toutes les pièces du puzzle assemblées, il permettra de traverser la ville dans un délai raisonnable, de bout en bout, en évitant de chercher sa voiture.

Retrouver son chemin

Pour que tout le monde s’y retrouve, deux projets de signalisation vont être concrétisés d’ici à la fin de l’année. Anecdotique ? Pas vraiment : tout visiteur extérieur qui s’est aventuré dans les rues de Namur a risqué de s’y perdre. Les différents accès à la ville vont donc être nommés pour identifier autant de portes d’entrée. Et les parkings seront mieux référencés.  » En fait, il y a assez de place pour tout le monde, prétend l’échevine. Mais les gens ne le savent pas…  » Faux ! s’insurge-t-on du côté des usagers.  » La thèse selon laquelle il y a des places de parking en suffisance n’est pas confirmée par nos clients, assure Jean-Luc Maquet, président de l’association des commerçants. Pour nous, il y a un problème d’accessibilité évident. « 

Ceux qui veulent éviter de tourner en rond dans le centre-ville peuvent se rabattre sur une autre solution : les parkings-relais. Deux aires de dissuasion existent déjà, à Saint-Nicolas et Salzinnes. A court, moyen et long terme, trois autres devraient voir le jour à Bouge, Erpent et Belgrade, histoire de désengorger la ville. Pour cela, des lignes de bus rapides et régulières doivent être mises en place ou renforcées. Des bandes de circulation réservées seront créées afin de faciliter la fluidité des transports en commun. La première devrait être réalisée d’ici à deux ou trois ans. Trop lent.

Piétons et cyclistes prioritaires

Autre projet : les aménagements du centre-ville. Une étude est actuellement en cours dans le quartier dit  » La corbeille « . Les premières conclusions sont déjà connues. Reste à les présenter au conseil communal : le centre devrait passer en zone 30 et les cheminements piétons être valorisés et sécurisés. L’an prochain, la place de l’Ange, les rues de l’Ange et de Marchovelette seront transformées en zone de rencontre, soit un mixte entre la zone 30 et le piétonnier où le promeneur est prioritaire et où la voiture limite sa vitesse à 20 km/heure. Le budget pour réaliser cette première en Wallonie : 1,1 million d’euros, subsidiés à 25 %.

Si le projet fait la part belle aux piétons, Namur n’en oublie pas les cyclistes. Un plan vélo est en phase de finalisation.  » Il y a un potentiel important ici : 40 % de la population vit dans le centre-ville et circule sur un territoire plat. Mais pour favoriser l’utilisation du vélo, il faut sécuriser les lieux. Les points noirs, ce sont les routes régionales. Et le problème, c’est qu’il y a beaucoup d’acteurs qui interviennent : les voies hydrauliques Sambre, Meuse, le MET voiries, la direction de la mobilité,… Il faut que tous se mettent d’accord sur des priorités et sur des montants budgétaires.  » Rien n’est encore concrétisé aujourd’hui et les cyclistes risquent d’attendre.

Un dispositif de vélos en libre service, comportant 30 stations réparties dans la ville et proposant 10 vélos chacune, est également en chantier. Mais vu le montant élevé de ce genre d’installations, les autorités cherchent des modes de financement alternatif.

Autre projet notable : le plan communal de mobilité de Jambes.  » Nous relançons le plan qui a capoté en 2004, en tenant compte d’éléments différents. Il faut éviter les grandes infrastructures routières, repartager l’espace ou encore penser aux modes de circulation doux. Les aménagements devraient être budgétés en 2010 et 2011. « 

Les pièces du puzzle sont donc définies et partent dans tous les sens. Reste à les assembler.

A.-C. D.B.

deux projets de signalisation vont être concrétisés d’ici À la fin de l’année

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire