Voile et service public

Ne devrait-on pas distinguer la question de la neutralité dans les services publics de celle du port du voile? Il est normal et indispensable que tous les citoyens aient la certitude de bénéficier d’un traitement neutre, objectif, dans tout ce qui relève du service public. C’est-à-dire dans l’administration, mais aussi dans l’enseignement, les hôpitaux, les transports, etc. Mais qu’est-ce qui peut garantir cette neutralité ou cette objectivité maximale? Est-ce vraiment l’absence d’un voile, d’une croix, d’une kippa ou du flambeau de la laïcité? Et si je sais (merci les réseaux sociaux) que le contrôleur du bus est d’extrême droite, me sentirais-je bien traité si je suis Noir? […] Et si je suis féministe radicale, serais-je bien accueillie si je viens porter, plainte devant un policier macho affirmé? On peut trouver des exemples à n’en plus finir. La neutralité, cela s’apprend, se revendique, s’affirme, se construit, s’évalue, s’améliore. On devrait peut-être travailler plus en ce sens dans nos services publics. Tout travailleur devrait y accepter que les règles de l’Etat, Constitution, lois, arrêtés, règlements y prévalent sur les lois religieuses et être formé à la neutralité.

Quant au débat sur le voile, il reflète nos peurs de l’autre différent, de dilution de notre identité si on l’imagine unique, du changement trop rapide pour certains de la vie de nos sociétés, mais aussi la difficulté de protéger et exercer tous les droits: peut-on retirer cette liberté de choix à des femmes sous prétexte (bien réel, parfois) qu’il est imposé (par des hommes, souvent), qu’il pourrait être instrumentalisé, cause de pressions en tous genres, acte politique et pression pour les femmes qui ne souhaitent pas le porter? Tout cela devrait faire l’objet de vrais débats, étayés, à tous niveaux.

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