Vivre vieux grâce au sport

Nous avons déjà dit que le sport de haut niveau n’est pas idéal pour une bonne santé. Pourtant, les données relatives à l’espérance de vie des sportifs de haut niveau sont plutôt positives. N’est-ce pas contradictoire ? Quelles leçons le simple sportif amateur peut-il donc en tirer ?

Certains champions bénéficieraient de 4 à 8 années de vie supplémentaires… C’est le cas des sportifs d’endurance, comme les coureurs, et des joueurs de sports d’équipe, basket, baseball, golf et football américain (1-4). Les vainqueurs du Tour de France feraient même encore mieux. Quant aux sportifs de force, comme les haltérophiles, ils affichent une espérance de vie légèrement inférieure à la moyenne. Mais il s’agit là de constatations générales. Lorsque l’on s’intéresse à la question de plus près, les choses sont moins claires.

Concernant le football américain, par exemple, les joueurs les plus lourds courraient deux fois plus de risque de décéder avant leur 50e anniversaire, d’un problème cardiaque surtout, que leur coéquipiers plus minces. Le poids est dans ce sport un élément déterminant pour envoyer l’adversaire au tapis et certains footballeurs mangent donc beaucoup pour prendre des kilos. De ce côté de l’Atlantique, si les footballeurs néerlandais gagnent des années, ce n’est pas le cas des Allemands ou des Italiens. En Allemagne, la mortalité élevée durant la guerre et la précarité des soins médicaux qui a suivi continuent à impacter les statistiques. Il faut en effet attendre que les gens meurent pour pouvoir se prononcer valablement sur leur espérance de vie ! La mortalité élevée parmi les footballeurs italiens résulte d’un nombre anormalement élevé, encore inexpliqué, de sclérose latérale amyotrophique depuis 2000.

Leçons olympiques

Il n’est pas toujours facile de trouver une explication aux différences observables au sein d’un même sport ou entre sports différents. Ainsi, nous ne savons pas combien d’athlètes doivent abandonner leur carrière ou même décèdent prématurément des suites de blessures, lésions, arrêts obligés durant leur parcours. La sélection naturelle joue un rôle. Les personnes solides, d’une constitution robuste et d’un mental d’acier survivent, tandis que les personnes plus fragiles, mentalement et physiquement, ont moins de chances de faire partie de l’élite. Quant à prouver cela… Nous ne disposons pas des données pour le faire.

En n’étudiant que les sportifs de haut niveau, il est impossible d’effectuer des comparaisons claires. Considérons par exemple l’excellence des soins médicaux dont ils sont entourés au cours de leur carrière et le statut socioéconomique qu’ils ont acquis grâce à leurs plantureux salaires (pour certains sports…). Ces deux éléments contribuent à une meilleure santé et une espérance de vie plus longue, mais n’ont rien à voir avec l’effet direct de leur pratique sportive sur leur santé. En revanche, le mode de vie actif que beaucoup d’athlètes conservent, souvent jusqu’à un âge avancé, a un impact évident et pèse sans nul doute dans la balance. D’autre part, on ne peut nier que de nombreux sportifs de haut niveau sombrent dans l’alcool, la drogue ou le crime, un comportement peut-être totalement indépendant de leur vie sportive, mais qui sape leur espérance de vie. Nous devons donc nous montrer prudents face aux conclusions de certaines études sur l’espérance de vie des sportifs de haut niveau. Leur comportement personnel en matière de santé peut aussi entraver l’effet positif éventuel de leur pratique sportive. Ce ne sont que des êtres humains après tout.

Évidemment, le bonus de 8 années constaté dans certains sports a de quoi étonner. Mais ces chiffres ne concernent qu’un petit groupe, et le bénéfice observé globalement est nettement inférieur. Prenons les 15.174 vainqueurs d’une médaille olympique entre 1896 et 2010 : leur gain se limite à 2 ans et 8 mois. Un résultat qui n’est pas si impressionnant, car quiconque mène une vie saine et active gagne aussi facilement de 1 à 5 années supplémentaires. En tant que simple sportif, vous n’avez donc vraiment rien à envier aux champions olympiques, ni même aux médaillés de toutes sortes.

Un choix sain

Devons-nous conclure de ces données que le sport de haut niveau n’est pas bon pour la santé ? Pour les champions certainement pas, car ils vivent généralement plus longtemps que le citoyen lambda. Mais ceux qui ne peuvent compter sur la constitution robuste des élites ont intérêt à y aller mollo ! À quel rythme ? Tout dépend des possibilités de chacun. Trop peu de sport, comme trop de sport, donne de moins bons résultats que la voie médiane (5). En revanche, les personnes qui font trop peu d’exercice physique, dont le corps et l’esprit sont affaiblis, sont moins armés à faire face aux aléas de la vie. Rester entre les deux extrêmes ne veut pas dire qu’il faut toujours se modérer. Il est bon de faire tourner le système à plein régime de temps à autre, car cela l’aide à rester en forme. Mais viser une médaille d’or ne semble pas la voie royale vers une vie longue et en bonne santé.

SOURCES www.bodytalk.be

Texte Jan Etienne

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