Vincent Van Quickenborne : On n’est qu’à mi-chemin d’un accord

Faut-il considérer ça comme une menace ou un conseil ?  » Ne sous-estimez pas les efforts qu’il reste à fournir !  » lance Vincent Van Quickenborne (Open VLD) aux francophones. Pour ce libéral pur et dur, l’alternative est simple :  » Soit on réussit un saut vers le confédéralisme, soit ce sera la fin de la Belgique. « 

Le Vif/L’Express : L’Open VLD n’a pas été convié aux négociations sur la formation du gouvernement. Depuis votre position d’observateur, comment percevez-vous le blocage actuel ?

Vincent Van Quickenborne : Le résultat des élections offre une opportunité unique pour réaliser une grande réforme de l’Etat. Mais, avant de sortir de la crise, il faudra encore du temps. Certains espèrent aboutir à un compromis en repartant du projet présenté par Elio Di Rupo la semaine dernière et en y apportant quelques mini-aménagements. Je vais être très sincère : ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver…

Vous pensez qu’on est encore très loin d’un accord ?

J’entends certains francophones dire : un signal doit maintenant venir de la N-VA. Ne vous faites pas d’illusion : il n’y aura pas de signal.

Les partis francophones ont évolué. Ils acceptent désormais de scinder BHV. Ils consentent à transférer de larges compétences vers les Régions et les Communautés. N’est-ce pas au tour de la N-VA et du CD&V de faire un geste ?

Je pense que les francophones ont déjà fait un effort énorme. Mais cet effort reste insuffisant. Il ne permet pas encore une vraie réforme de l’Etat. Ceux qui pensent qu’on se trouve maintenant à 95 % d’un accord se trompent complètement. Ce n’est peut-être pas réconfortant, mais on se trouve plutôt à mi-chemin d’un accord. Je veux prévenir les francophones : ne sous-estimez pas les efforts qu’il vous reste à fournir ! Nous sommes maintenant devant un choix crucial. Soit on réussit un saut vers le confédéralisme : cela passe par des transferts d’argent, mais aussi par une responsabilisation des Régions et des Communautés. Soit on n’y arrive pas, et ce sera alors le séparatisme.

En quoi consiste selon vous la moitié du chemin qui reste à parcourir ?

Dans une interview au Morgen, Bart De Wever a bien résumé la situation : les 15 milliards d’euros de compétences transférées aux Régions et aux Communautés, c’est beaucoup d’argent, mais c’est aussi beaucoup de vent. Car, pour le moment, ces transferts ne sont pas liés à une responsabilité accrue des Régions. Quel type de responsabilisation ? A quelles conditions ? Quels mécanismes exacts ? Tout cela devra être défini dans la nouvelle loi de financement. C’est le n£ud du problème, ça. Voilà pourquoi la révision de la loi de financement devra être achevée avant l’entrée en fonction du nouveau gouvernement.

Elio Di Rupo a prévenu : pas question d’accepter une loi de financement qui appauvrirait l’une des composantes du pays.

Mais tout le monde sera appauvri ! Ceux qui le nient sont des menteurs. La Belgique va devoir réaliser 25 milliards d’économies d’ici à 2015. Dire aux gens que personne ne s’appauvrira, c’est de la fiction. Il y aura un appauvrissement collectif dans ce pays, ne vous faites pas d’illusions. Tout le monde sera touché. C’est nécessaire.

L’Open VLD souhaite-t-il participer au prochain gouvernement, sachant que celui-ci devra réaliser des économies drastiques, et peut-être augmenter les impôts ?

Nous sommes un parti responsable : l’Open VLD est prêt à soutenir une grande réforme de l’Etat, même depuis l’opposition… Mais nous ne sommes pas un parti qu’on prend puis qu’on jette. Avec Alexander De Croo, l’Open VLD s’est donné une ligne plus claire, plus libérale. Il faudra en tenir compte. Pour économiser 25 milliards d’ici à 2015, il n’y a que deux possibilités : augmenter les recettes ou réduire les dépenses. Moi, je pense que, comme la Belgique est déjà le 3e pays le plus taxé du monde, la marge de man£uvre pour de nouvelles recettes est limitée. Je plaide donc pour répartir l’effort de façon suivante : 80 % de réduction des dépenses, 20 % de nouvelles recettes.

ENTRETIEN : FRANçOIS BRABANT

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