Vers le renouveau ?

Luc Van Der Kelen
Luc Van Der Kelen Conseiller politique pour BPlus

LES SENTIMENTS D’INCERTITUDE ET DE MÉFIANCE qui dominent ces temps-ci en Belgique ne charrient pas que du négatif. Ils portent aussi les germes du renouveau. Ils offrent l’occasion de se libérer du passé et d’engager des relations entre les communautés sur de nouvelles bases. Au cours de la décennie passée, les Flamands se sont sentis comme des mendiants tenus d’implorer les francophones pour que ceux-ci veuillent bien leur permettre de prendre leur destin en main. Quinze années durant, depuis la réforme de l’Etat de la Saint-Michel, la réponse était invariablement non. En plus, celle-ci était assortie de conseils paternalistes soulignant que l’Etat fédéral, telle une mère poule, savait mieux ce qui était bon pour les Flamands que les Flamands eux-mêmes. Ce non qui n’a cessé de gagner en arrogance –  » On n’est demandeur de rien  » – a donné des ailes à une génération de politiques flamands de plus en plus frustrés. Les nombreuses et bienveillantes interventions d’hommes et de femmes politiques, de journalistes et d’universitaires recommandant aux francophones d’écouter les aspirations de la Flandre tout entière ont été ignorées avec une belle obstination. A intervalles réguliers, la Flandre fut même qualifiée de fasciste. Cela a conduit tout droit à la forte poussée nationaliste flamande aux dernières élections législatives.

Du côté flamand aussi, de graves erreurs ont été commises. Un petit groupe de nationalistes a systématiquement offensé les Wallons et les Bruxellois francophones en les taxant de pauvres hères incapables de gagner leur vie mais bien décidés de vivre aux crochets des naïves classes laborieuses flamandes.

Aussi le blocage est-il total dans notre pays. Alors que tout un chacun était rivé à la télévision, à la radio et aux journaux de sa propre communauté, qui grossissaient et glorifiaient à volonté le point de vue de leur propre groupe linguistique tout en humiliant le camp d’en face, la méfiance et l’incompréhension ont atteint des sommets jamais égalés. Des deux côtés de la frontière linguistique, il est grand temps d’en prendre conscience.

Or, en Belgique, francophones et Flamands ne sont pas des adversaires, mais des partenaires. Les uns sont les premiers clients des autres et vice versa. Mais les deux communautés doivent aussi se donner réciproquement les moyens nécessaires pour organiser leur modèle de société et réaliser leurs objectifs répondant aux attentes de leur population. Les francophones se trompent s’ils estiment que toute forme d’autonomie équivaut à un hold-up de l’Etat fédéral, que toute avancée dans ce domaine ne peut se faire qu’en échange de faramineuses sommes d’argent et après de longues années de patientes supplications. Mais les Flamands aussi se fourvoient s’ils nient l’existence des Bruxellois, comme si on continuait à ignorer une réalité comme la lumière du soleil. Chacun doit être respecté tel qu’il est. Sinon toute coexistence est vouée à l’échec.

Editorialiste au Laatste Nieuws

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LUC VAN DER KELEN

Francophones et Flamands sont des partenaires,

pas des adversaires

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