Vers la fin des taux garantis ?

Environ un tiers des fonds de pension belges sont dans le rouge. Les assureurs-groupe plaident pour une baisse des taux garantis, ce que leur refuse le ministre Van Quickenborne. Ambiance…

Aujourd’hui, environ 60 % des travailleurs de ce pays sont inscrits dans un système leur ouvrant le droit au bénéfice d’une pension complémentaire relevant du régime du deuxième pilier, explique Wouter De Vriendt, député fédéral Groen. Aussi, quand j’ai appris que, fin 2011, 30 % des fonds de pension belges étaient sous plan de redressement, je me devais, sinon de tirer la sonnette d’alarme, au moins d’interpeller les responsables politiques, à commencer par le ministre de tutelle, Vincent Van Quickenborne, ainsi que les autorités de contrôle. « 

Chez les assureurs-groupe, même si on ne connaît pas (encore) de difficultés aussi sombres que celles des fonds de pension, on souligne que les taux garantis de 3,25 % sur les contributions versées par les employeurs et de 3,75 % sur les primes versées par les travailleurs ont été instaurées à une époque de taux d’intérêt élevés.  » Tout le monde est « braqué » sur ces taux pivots car on n’a malheureusement pas imaginé à l’origine – la loi Vandenbroucke – qu’ils puissent évoluer, souligne Wauthier Robyns, directeur et porte-parole d’Assuralia, la fédération des entreprises d’assurances. Même si nous sommes très loin de susciter toute idée de panique, il faut reconnaître que ces « taux pivots » ne sont pas un modèle de durabilité et qu’il convient de s’interroger sur la pertinence de leur maintien. Voyez dans quelle fourchette de taux nos pouvoirs publics se financent aujourd’hui et vous aurez une idée des rendements que peuvent dégager les assureurs sur leurs nouveaux placements. Dans ce contexte, nulle surprise dès lors de voir les compagnies saisir toutes les opportunités d’aubaine, comme celle d’avoir largement « fait le plein » d’obligations émises par l’Etat belge à un taux proche des 5 % à la fin de l’an dernier. « 

Embrayant sur les propos d’Assuralia, d’aucuns estiment que le maintien de ces taux de 3,25 et 3,75 % pourrait susciter des comportements d’investissements à risques. Or, Wouter De Vriendt l’a rappelé, les fonds logés dans le deuxième pilier ne sont pas couverts par la garantie publique de 100 000 euros.

Et demain ?

Les fonds de pension devraient sortir du rouge grâce à des cotisations revues à la hausse. Du côté des assureurs-groupe, certains prennent déjà les devants : Fidea n’accepte plus de signer de nouveaux contrats. D’autres (AXA, Vivium et Allianz) envisagent de ne plus offrir, à l’avenir, qu’un taux garanti de 2,25 % (+ participations bénéficiaires), à charge pour les employeurs de combler la différence entre le rendement dégagé et le taux légal. De quoi alourdir encore les charges pesant sur les entreprises…

JEAN-MARC DAMRY

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