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Ventes et grogne en hausse

Drôle d’époque pour la bande dessinée et les livres jeunesse, paradoxale en tout cas : alors que les éditeurs se félicitent des bons chiffres de l’année (ils sont tous à la hausse, autant dans les volumes que les chiffres d’affaires) et de la bonne santé générale du secteur, en pleine évolution, les auteurs, eux, crient de plus en plus fort leur ras-le-bol, tant sur leurs revenus que sur leurs conditions de travail. La fronde avait commencé dès le festival d’Angoulême, fin janvier, avec des  » Etats généraux de la bande dessinée  » qui pointaient clairement la paupérisation des auteurs (25 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté), et s’est poursuivie tout au long de l’année jusqu’à faire planer des menaces de grève, en plus d’actions, sur le festival d’Angoulême 2018 – qui ne s’en remettrait probablement pas. Faiblesse des à-valoir et royalties, hausse de la taxation en France, mise en péril du statut d’artiste en Belgique, baisse des tirages (donc des revenus), surproduction (donc atteinte à la visibilité des livres)… Les raisons de s’inquiéter et de râler ne manquent en effet pas, dans un secteur qui n’est pas en si grande forme que ça non plus : l’édition BD se cherche toujours de nouveaux modèles économiques, lesquels doivent désormais reposer sur un public qui, à la fois, se resserre, s’embourgeoise et rajeunit (ce qui explique, entre autres, le boom des comics, qui affichent, eux, une croissance à trois chiffres) : fini l’âge d’or de la presse BD qui touchait des millions de lecteurs, fini aussi l’âge d’or des albums ; pour un Astérix qui se vend par millions, mille autres s’écoulent à peine par centaines, n’ayant ni le temps ni la promo nécessaires pour se trouver un public. Et les éditeurs de miser sur les marques fortes qui leur appartiennent (tels Spirou ou Gaston chez Dupuis), les coups marketing et une stratégie transmédia qui les rapprochent des moeurs du marché américain et des grands groupes à la Marvel ou DC, au sein desquels les personnages, les marques et les concepts ont plus de poids que les auteurs et leurs droits. Une évolution qui se retrouve également dans les structures : le groupe français Média Participations, déjà propriétaire de Dargaud, Le Lombard ou Dupuis, s’apprête à avaler La Martinière, qui possède les éditions du Seuil ou de l’Olivier.

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