Vent de fraîcheur rue du Lombard

Le nouveau parlement bruxellois a prêté serment mardi dernier. Vingt-cinq des nouveaux élus n’ont jamais siégé dans une assemblée.

Le 23 juin dernier, 89 nouveaux élus juraient, sous l’objectif des caméras, d’observer la Constitution, inaugurant ainsi la cinquième session parlementaire de la Région bruxelloise, tout juste 20 ans après sa création. Si l’exercice relève avant tout de la formalité, il fut toutefois quelque peu entaché par deux polémiques. Celle entourant le voile islamique de Mahimur Özdemir (photo : à droite), la jeune députée CDH qui, en tant que plus jeune élue du parlement, eut le privilège de coprésider la session inaugurale. Celle aussi de la doyenne des élus, Antoinette Spaak (photo : au centre), qui en n’usant pas assez de la langue de Vondel, fit grincer quelques dents sur les bancs des 17 élus flamands. De quoi rappeler en ce premier jour de législature que le parlement bruxellois se distingue non seulement des autres assemblées régionales et communautaires du pays par son nombre important d’élus d’origine étrangère, mais aussi par la présence en son sein de deux groupes linguistiques avec les tensions qui s’ensuivent parfois.

Des députés néophytes

Cette année, le nouveau parlement aura fait le plein de nouvelles têtes. Vingt-cinq des 89 élus n’ont en effet jamais siégé dans aucune assemblée par le passé. Parmi eux, une majorité d’Ecolos.  » C’est le changement principal par rapport à la législature précédente, explique Pascal Delwit, professeur de sciences politiques à l’ULB. Ces députés néophytes apportent un vent de fraîcheur dans le parlement, mais il leur faudra sans doute quelque temps aussi pour trouver leurs marques. « 

Comme à chaque fois, et ce n’est pas propre au parlement bruxellois, la session inaugurale aura été le théâtre d’une grande valse de députés. Vingt pour cent des nouveaux élus ont ainsi d’ores et déjà renoncé à leur mandat au profit de leur suppléant. Nombreux sont en effet les sénateurs et députés fédéraux qui, bien que confortablement élus au suffrage universel, préfèrent renoncer à leur nouveau mandat pour poursuivre celui entamé à un autre échelon. Le cumul avec un mandat exécutif au niveau communal est par contre tout à fait autorisé et, encore une fois, nombre de députés ne s’en sont pas privés. Sur les 19 bourgmestres de la capitale, 12 ont en effet prêté serment ce mardi au parlement.  » Leur contact avec la réalité du terrain est important, poursuit Pascal Delwit. Mais il est vrai que les lobbys communaux viennent quelquefois s’immiscer dans les débats parlementaires. On a par exemple déjà eu la surprise de voir une série de députés issus de groupes politiques différents se rallier subitement sur un même texte, parce qu’ils sont issus de la même commune. « 

Le grand marchandage

Après la prestation de serment, place au grand marchandage. Celui qui devrait notamment répartir entre les partis les postes de présidents d’assemblée (parlement et Cocof) et de présidents de commission.  » Le marchandage se fait aussi à l’intérieur des partis, explique encore Pascal Delwit. Entre autres pour récompenser ceux qui ont fait de très bons scores en voix de préférence.  » Mais en ce qui concerne les postes de chef de groupe, c’est bien sûr au MR que cette fonction prend tout son sens puisque c’est lui qui, en quelque sorte, revêtira les habits de  » chef de l’opposition  » durant cinq ans. Pour cette législature, c’est au FDF Didier Gosuin qu’incombera cette lourde tâche. Un choix loin d’être anodin pour les réformateurs, au lendemain d’une élection dont les conséquences furent particulièrement douloureuses pour eux.

Grégoire Comhaire

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