Universités ou Hautes Ecoles ? Les différences s’amenuisent

Le processus de Bologne a contraint à un rapprochement des formations ; ce qui ne facilite pas le choix des rhétoriciens. Mais d’autres critères de sélection entrent en ligne de compte.

Pour un rhétoricien confronté au choix d’une filière dans l’enseignement supérieur, la tâche peut paraître ardue tant les options sont nombreuses. Souvent, les futurs  » bleus  » définissent leurs critères de sélection et se positionnent en fonction de ceux-ci.

 » La durée des études est un des facteurs importants « , confie Maryse Willequet, présidente de l’Union des étudiants de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Traditionnellement, c’est ce critère qui distingue les universités des Hautes Ecoles. Celles-ci organisent un enseignement supérieur de type court ou de type long. Le premier donne lieu à un grade de bachelier professionnalisant sur trois ans, voire exceptionnellement quatre. Le second permet d’obtenir un bachelier de transition et diplôme de master au terme de quatre ou cinq années d’études. L’université, quant à elle, ne propose que l’enseignement de type long.

Théorie ou pratique

Au-delà de la durée de la formation sont en jeu deux approches distinctes. Le cursus universitaire se veut pluridisciplinaire et polyvalent. Il privilégie l’esprit critique par la confrontation des concepts et des méthodes de la discipline choisie. Inversement, les Hautes Ecoles aspirent à former des acteurs de terrain via la transmission du savoir-faire des professionnels et l’application de situations concrètes.

La théorie à l’université, les cours pratiques dans la Haute Ecole ? Cette réalité a sensiblement évolué ces dernières années.  » Bien que l’on puisse attribuer la recherche fondamentale à l’une et la recherche appliquée à l’autre, il n’y a pas de cloisonnement entre les deux. Universités et Hautes Ecoles partagent les mêmes missions. A savoir : une formation initiale, la recherche et le service à la société « , soutient Daniel Chavée, directeur-président de la Haute Ecole de Namur-Liège-Luxembourg. Un constat confirmé par Julien Nicaise, du cabinet du ministre Jean-Claude Marcourt en charge de l’Enseignement supérieur :  » Nous avons vu depuis Bologne [NDLR : un processus lancé en 1999 qui vise à harmoniser les enseignements au niveau européen] que chacune emprunte les pratiques de l’autre. Par exemple, la possibilité de faire des stages est plus présente à l’université et les Hautes Ecoles, elles, s’intéressent davantage à des domaines où elles étaient moins actives comme les langues étrangères. « 

Au-delà des clichés

La frontière entre les filières semble donc de plus en plus ténue. Au grand dam des rhétoriciens dont le choix n’est pas facilité. D’autres comparaisons entrent alors en considération.  » On peut soupçonner que l’étudiant fera un choix en tenant compte du coût des études « , confie Anita Mathieu, responsable du service social étudiants à l’Université libre de Bruxelles. Si l’enseignement supérieur est accessible à tous les détenteurs d’un certificat d’études secondaires supérieures (CESS), il implique néanmoins un coût non négligeable (voir en page 56).

D’autres critères interviennent ensuite dans le choix de l’étudiant. Quelle sera la qualité de l’encadrement ? Quelles chances ai-je de réussir ? Etc. Autant de questions déterminantes qui, à tort ou à raison, s’alimentent de clichés. L’université est parfois assimilée à une terre inconnue abritant des auditoires surpeuplés et la Haute Ecole à un nid douillet proche de l’école secondaire. Des idées préconçues qui font sourire Jill, étudiante en deuxième année de master en relations publiques.  » La Haute Ecole ne m’a pas apporté ce côté rassurant qu’on lui attribue souvent. J’étais confrontée chaque jour à des professeurs différents avec des approches différentes. J’avais besoin d’une méthodologie et de la rigueur pour réussir. C’est pourquoi j’ai envisagé l’unif « , explique-t-elle.

Marianne Coessens, directrice-présidente de la Haute Ecole de Bruxelles, met également l’accent sur les difficultés rencontrées par les étudiants :  » Certes, ils évoluent dans des petites classes et l’encadrement est plus familier. Mais nous observons parfois un taux d’échec en deuxième année, car la plupart sont mal préparés aux études supérieures. C’est pourquoi on est presque amené à faire un bachelier de transition comportant des tutorats, des aides à la réussite… « 

Le temps de la découverte

Face à la difficulté du choix, il existe des organismes pour y voir plus clair.  » Découvrir les différentes formations est la première démarche à entreprendre, estime Virginie Wouters, directrice du Centre d’information et d’orientation de l’UCL. Pour cela, toute une maturation est nécessaire en tenant compte de ses ambitions, de ses atouts et de ses faiblesses. « 

 » C’est pourquoi nous organisons des activités pour aider les jeunes à s’orienter tels que des tests ou des entretiens individuels dans tous les établissements scolaires secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous les informons aussi sur les démarches à mener de façon qu’ils soient partie prenante dans la recherche « , dit Christophe Demil, président des Centres psycho-médico-sociaux.

La découverte préalable est donc le passage obligé. Certains étudiants font pourtant abstraction de cette étape au risque de repasser par la case départ, en cas d’échec. Rien de grave ! Hervé, 23 ans, y croit depuis sa réorientation :  » Il ne faut pas s’enfermer dans un choix définitif. Rien ne nous empêche de regarder ce qui se fait ailleurs car une formation pourrait nous plaire. Chaque chemin peut nous épanouir. « 

Par Yolande Nimy (UCL)

La théorie à l’université, les cours pratiques dans la Haute Ecole ? Cette réalité a sensiblement évolué.

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