Une ville vieillissante en quête de sang neuf

Les initiatives pour donner du peps à la ville vont bon train : projets intergénérationnels, offre culturelle foisonnante et facilités d’accès au logement pour les jeunes… Mais les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous.

Commune aisée, population cultivée, proportion croissante de personnes âgées… A priori, Waterloo réunit tous les ingrédients de la ville vieillissante. En réalité, sa démographie se situe encore dans la moyenne belge. Selon les statistiques 2011 fournies par le service population, l’habitant lambda a 42 ans, soit un peu plus que la moyenne nationale (40,8 ans). Ce chiffre est en légère augmentation par rapport à l’année précédente (+ 0,26), mais c’est aussi le cas à l’échelle de la Belgique. Pour Jacques De Bilde, secrétaire au CPAS de Waterloo, la commune possède une démographie semblable aux autres villes wallonnes.

 » Ce n’est pas parce qu’une commune est aisée qu’il y a plus de gens âgés. La problématique du vieillissement de la population ne concerne pas que Waterloo mais le Brabant wallon tout entier. Il est vrai que les politiques s’efforcent de développer les services aux personnes âgées, notamment l’aide à domicile, les titres-services, les transports en commun… Mais c’est aussi parce qu’ils reviennent moins cher que le placement en maison de repos. « 

Pour occuper les 3e et 4e âges de la ville, l’échevinat de la Culture a déployé l’artillerie lourde ces dernières années. Spectacles, pièces de théâtre, conférences, voyages, semaine du 3e âge… Les initiatives communales pour changer les idées aux seniors sont très nombreuses. De même que celles qui visent à brasser les générations. La secrétaire à l’échevinat de la Famille l’affirme :  » La Ville a fait des efforts en ce sens. Parmi les projets, on trouve la maison de la parentalité, ouverte depuis deux ans, ou le projet Contalyre, qui invite des retraités à se rendre dans les écoles pour conter des histoires aux enfants. Il y a aussi l’événement Famille en Fête, une manifestation où toutes les tranches d’âge sont réunies, des grands-parents aux petits-enfants. « 

Tenter de retenir les jeunes

A l’autre bout de la chaîne de la vie, les autorités publiques essaient aussi de fixer les jeunes dans la commune, plutôt que de les laisser aller s’établir ailleurs. Pour cela, elles ne mâchent pas leurs efforts.  » Les domaines sportifs et culturels sont ceux où nous excellons le plus par rapport aux autres communes « , avance Etienne Verdin, président du CPAS. Compétitions, concerts, séjours au ski organisés par la Maison des jeunes et initiation à la guitare incitent les jeunes à passer du temps dans leur commune.

Mais c’est sur le long terme que ça se complique, avec le coût du logement ( lire notre article en page 108). A partir de 700 euros le studio à louer et 2 900 euros le mètre carré en moyenne à l’achat, les jeunes célibataires ou en couple ne sont pas les premiers locataires ou acheteurs potentiels. En témoigne François De Bruyn, directeur de l’agence Immo-V Waterloo :  » Notre clientèle n’est pas du tout jeune. Même nos employés ne trouvent pas de logement dans la commune ! Waterloo est une grande boutique avec tout un tas de facilités qui attirent les familles fortunées mais les prix se sont envolés ces dernières années.  » La ville tâche bien de lancer quelques alternatives pour les petits budgets, comme ces logements à loyer modéré proposés à 420 euros par mois. C’est qu’elle a besoin de sang neuf pour renflouer ses rangs.

Déménager : c’est ce qu’ont dû faire Soun Dang et son ami. Originaires de Waterloo, ils sont loin d’être dans le besoin mais n’ont pas réussi à trouver leur bonheur avec un budget de 250 000 euros.  » Nous avons cherché une maison pendant un an. Vu les prix très élevés, nous avons finalement acheté à Braine-l’Alleud où c’est un peu plus abordable « , explique la jeune policière. Même phénomène observé par Roger Bocage, un senior très actif dans le secteur associatif.  » Mes enfants sont partis vivre à Louvain-la-Neuve et à Braine-l’Alleud. Waterloo est une ville attirante avec ses commerces, on peut facilement y trouver du boulot mais, pour y habiter, c’est autre chose. « 

ANNABELLE DUAUT

 » Waterloo est une ville attirante mais, pour y habiter, c’est autre chose « 

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