Une maison, une ouvre d’art

Après le départ des enfants, René Menten et son épouse décidèrent de se remettre à la construction. Ils rêvaient d’un concept totalement différent de la maison de campagne qu’ils avaient fait construire il y a des années, à l’extérieur de la ville.

Pour concevoir leur projet, les maîtres d’ouvrage ont fait appel au jeune architecte franco-égyptien Bassam El Okeily, un collaborateur au talent prometteur du bureau d’architecture de Karla Menten.  » Son style nous plaisait et nous étions à la recherche d’autre chose, relate René Menten. A cet égard, nous étions vraiment sur la même longueur d’onde. « 

La principale exigence des maîtres d’ouvrage se rapportait à la lumière, en abondance.  » Je suis très sensible à la lumière, précise René Menten, et l’hiver n’est guère ma saison préférée. La question était donc de savoir comment l’architecte pourrait introduire de la lumière dans la partie centrale du rez-de-chaussée d’une maison de rangée développant une profondeur de 17 mètres.  » Les propriétaires excluaient la possibilité d’un lanterneau ou d’un éclairage artificiel de la partie centrale. L’architecte a donc proposé quelques solutions radicales. Tout d’abord, il a dessiné, derrière la façade avant, une seconde façade à travers laquelle la lumière pénètre exactement là où il faut, au fil des saisons. Ensuite, il a libéré depuis le premier étage un flot lumineux qui s’écoule jusque dans la partie centrale de la salle à manger au rez-de-chaussée, par le biais d’un vide aux formes irrégulières.

Une ouverture dans le mur de la chambre à coucher présente un coin de ciel, les arbres et le clocher de l’église mais cache, non sans raison, les maisons à l’arrière ainsi qu’un complexe de garages. Cette ouverture a tout d’un tableau.  » L’emplacement précis de cette ouverture est le fruit d’un ajustement opéré en cours de chantier, précise Bassam El Okeily. C’est une intervention qu’on peut calculer sur le plan, mais on peut aussi la décider sur chantier. C’est en ces moments-là que le travail d’un architecte rejoint celui d’un metteur en scène. Une maison comme celle-ci suscite bien entendu bon nombre de questions et de réactions inhabituelles. Est-ce un magasin ? Est-ce un musée ? Ou un étalage ? S’agit-il de deux appartements dans une maison ?  » Je trouve génial que les gens ne parviennent pas à comprendre immédiatement mes projets, témoigne Bassam El Okeily. Mais ils essaient et, en fin de compte, ils parviennent à ressentir quelque chose.

A l’heure actuelle, on veut tout comprendre tout de suite. Ici, les passants ne comprennent pas et nous n’avons pas l’intention de les y aider. Tout ce que je souhaite, c’est que cette maison suscite des sentiments. Que ce soit en bien ou en mal, ça ne compte pas, pourvu que ceux qui la voient ne restent pas indifférents. « 

Agnes Mus

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