Une maison passive qui donne envie

Vivre sans chauffage central, est-ce possible ? Oui. La preuve avec cette maison passive construite à Neufchâteau. Prévoyez un budget de 10 à 15 % plus élevé que pour une maison classique : un investissement rentabilisé en onze ans… au pire, si le baril continue à flamber.

Quand ils ont présenté leur projet, peu de gens y croyaient. Construire une maison passive ?  » On passait pour des hurluberlus « , s’amusent aujourd’hui les heureux propriétaires, Béatrice Clémentz et Raphaël Thiémard. C’était en… 2005. Sous la houlette de l’entreprise spécialisée Bioconstruct, ils débutent alors les travaux. Deux ans plus tard, ils habitent une des toutes premières maisons construites en Wallonie selon les standards passifs. L’occasion de… déconstruire quelques idées préconçues.

A commencer par l’argument massue : un habitat passif, ça coûte cher. Trop cher.  » Tout dépend des options que l’on choisit, commente Béatrice Clémentz. Mais le surcoût tourne autour de 10 à 15 %.  » Au total, le budget consenti pour cette nouvelle construction de 200 mètres carrés s’élève à 300 000 euros, TVA comprise. Sans la déclivité particulière du terrain, les propriétaires affirment que 275 000 euros auraient suffi. Un budget qui reste dans des normes acceptables.

D’autant que l’atout majeur de la maison passive est sa consommation quasi nulle pour les besoins de chauffage. C’est qu’une telle habitation n’a pas de système de chauffage central ! Il n’y gèle pas pour autant en hiver. Grâce à une isolation particulièrement poussée – les murs sont recouverts de 39 centimètres d’isolant – et à une exposition idéale au soleil, la température reste constante. Hiver comme été, elle tourne autour de 21 degrés.

Un petit chauffage électrique d’appoint est néanmoins prévu pour les rares cas où la température tombe sous les 20 degrés. En 2007, le radiateur n’a pas été allumé entre le 3 mars et le 21 octobre. Sa consommation annuelle équivaut à… 120 litres de mazout : une paille en regard des 2 500 à 4 000 litres annuels consommés dans une maison  » classique « . Une économie appréciable, qui permet de rentabiliser l’investissement de départ d’une construction passive en onze ans. Sans tenir compte de la hausse – inéluctable – du prix de l’énergie.  » Par rapport à la durée de vie d’une maison, l’investissement est de toute façon rentable « , appuie Raphaël Thiémard.

Les propriétaires ont fait construire leur habitation avant même la création du certificat  » passif  » délivré par la Région wallonne, qui leur aurait permis d’obtenir des primes plus alléchantes (voir ci-contre). Qu’importe, Raphaël Thiémard et Béatrice Clémentz sont fiers de montrer que  » ça marche « . Et leur site Internet, qui détaille la consommation énergétique de l’habitation en direct, reçoit 15 000 visites par mois : les  » hurluberlus  » d’hier sont aujourd’hui considérés comme des précurseurs… l

Gilles Quoistiaux

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