Sébastien Spitzer. © belgaimage

Une épidémie

Le journaliste et romancier Sébastien Spitzer signe une évocation d’une ville en proie à la maladie. Un roman au plus près de l’histoire, moins de l’émotion.

Memphis, juillet 1878. Sur le quai, au bord du Mississippi, Emmy, jeune métisse au seuil de l’adolescence, guette l’arrivée de son père, blanc, de retour de prison. Mais un autre passager, clandestin, s’est glissé à bord du vapeur à aube en provenance de La Nouvelle- Orléans: la fièvre jaune. Celle à laquelle font face trois autres personnages: Anne Cook, tenancière du bordel de la ville, maquerelle qui a le coeur aussi grand que le lit ; T. Brown, ancien esclave libéré par les troupes honnies du Nord lors de la guerre de Sécession quelques années plus tôt ; quant à Keathing, il est le rédacteur en chef du Memphis Daily et sympathisant assumé du Ku Klux Klan.

La Fièvre, par Sébastien Spitzer, Albin Michel, 320 p.
La Fièvre, par Sébastien Spitzer, Albin Michel, 320 p.

Ces quatre figures vont se croiser, voire se rapprocher au cours de cet été poisseux, au milieu de ce chaos qui voit la ville désertée et perdre plus de la moitié de ses habitants, victimes de la maladie. Basé sur des faits historiques, découverts par Sébastien Spitzer au détour de la biographie monumentale d’Elvis Presley, La Fièvre n’a pas le souffle court, mais le style direct de l’ancien journaliste qui avoue dans la postface avoir été surpris par la pandémie de Covid-19 au cours de sa rédaction. Saisi à son tour par la fièvre de l’écriture, son roman, s’il rend compte d’une certaine fébrilité, manque parfois de précision dans les images qu’il voudrait susciter, et garde en effet une distance sociale, l’émotion restant absente d’un récit pourtant tragique.

La Fièvre, par Sébastien Spitzer, Albin Michel, 320 p.

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