Une école passive pour… enfants actifs !

Le double objectif du collège du Biéreau à Louvain-la-Neuve : construire un bâtiment basse énergie pour réaliser des économies et utiliser ce cadre  » durable  » pour alimenter un vaste projet pédagogique. Les premiers résultats sont plus qu’encourageants…

Niché dans un des plus anciens quartiers de Louvain-la-Neuve, le collège du Biéreau est, historiquement, un héritage de la scission de l’Université catholique de Louvain. Avant d’éclater, celle-ci disposait, à Leuven, de l’école Virgo sapientiae pour accueillir les enfants de son personnel francophone, Avec la création de Louvain-la-Neuve, les autorités universitaires décidèrent de faire bâtir un établissement réservé à l’enseignement fondamental, c’est-à-dire les sections maternelle et primaire, chacune disposant de ses bâtiments. Au fil du temps, l’université s’est progressivement retirée de la gestion du collège. Celle-ci est aujourd’hui assurée par un pouvoir organisateur (PO) qui travaille la main dans la main avec la direction, les représentants du personnel, l’association des parents, le comité des fêtes, etc. Dans la foulée, l’école s’est ouverte à tous et elle compte actuellement 450 élèves, dont 150 à la section maternelle.

Construite au début des années 1970, l’école maternelle a connu de tels problèmes que, dès l’an 2000 et malgré des travaux successifs, les gestionnaires ont envisagé une solution radicale : la détruire et construire un nouvel établissement.  » L’énergie se raréfiant et son coût ne faisant qu’augmenter, nous avons immédiatement intégré à notre réflexion une dimension énergétique et environnementale, explique Christian Legrain, président du PO. Notre appel à projets a recueilli un tel succès que, pour départager les 17 candidats, nous avons dû nous tourner vers des spécialistes. C’est finalement le bureau d’architectes TRAIT Norrenberg et Somers de Bruxelles qui a remporté le marché. « 

Entamés en août 2008, les travaux ont pris fin il y a quelques mois. Il reste à réaliser quelques aménagements extérieurs. L’inauguration officielle est prévue pour fin septembre/début octobre.

Réduire la consommation d’énergie de 90 % !

 » Nous avons baptisé notre projet Métis, comme la déesse grecque de la Raison et de l’Intelligence pratique, mais surtout comme Maîtrise Energétique et Technologique d’une Institution Scolaire « , poursuit Christian Legrain. Pour concevoir Métis, le PO, la direction et le corps enseignant ont fondé leur réflexion sur quelques axes principaux : réaliser des économies à moyen terme, respecter l’environnement, développer un projet pédagogique et n’utiliser que… 10 % de l’énergie consommée par un bâtiment standard similaire.  » C’est évidemment là le gros défi. Et ça marche ! s’enthousiasme le président du PO. Pensez donc : pour chauffer les trois niveaux qui représentent plus de 1 500 mètres carrés, nous n’utilisons qu’une petite chaudière murale à gaz d’appartement. « 

Pour réaliser cette prouesse dans un bâtiment qui compte sept classes, un réfectoire, une cuisine, une salle de gym, une salle polyvalente, des sanitaires, des locaux administratifs et un appartement, les concepteurs ont fait appel à toutes les ressources liées aux constructions dites  » passives « . Dans ce domaine, le choix des matériaux et l’isolation sont deux éléments capitaux. Ici, les architectes ont utilisé une charpente en bois, des murs en béton  » farcis  » de 30 à 45 centimètres de cellulose, du triple vitrage, et un soin tout particulier a été apporté à la réalisation des joints.  » On a même réalisé des tests en mettant le bâtiment en surpression et les résultats étaient supérieurs aux estimations. « 

Tout le reste, bien sûr, est à l’avenant : implantation étudiée pour utiliser au maximum la lumière naturelle et les rayons solaires, toitures plates équipées de panneaux solaires thermiques et photovoltaïques (ces derniers ne sont toutefois pas réservés actuellement à l’école), puits canadien, ventilation double flux avec récupération de la chaleur, entrées munies de sas, récupération de l’eau de pluie, revêtements acoustiques, etc. Chaque classe est décorée au plafond d’une  » chaussette thermique  » qui – outre le fait d’amuser les enfants – amène l’air à la température demandée. L’air vicié est récupéré au sol et un ingénieux système de capteurs permet à chaque pièce de fonctionner indépendamment, selon ses besoins en chaleur ou en lumière, le cas échéant en déclenchant les stores automatiques.

Selon les responsables du collège, l’établissement est le premier du genre en Communauté française.  » Certes, des extensions d’écoles ont été construites sur le mode passif à Nivelles et à Anderlecht notamment, mais il s’agit ici du premier bâtiment entièrement conçu de la sorte. Ce qui lui confère, en outre, une valeur d’exemple appréciable. « 

Fini l’effet d’endormissement

Indépendamment de son aspect technologique, le projet Métis a été conçu avec une dimension pédagogique importante et il s’intègre dans le Projet d’établissement (PET) du collège.  » Pour les trois ans venir, ce PET sera basé sur le développement durable et axé sur cinq thématiques : l’énergie, l’eau, les déchets, la consommation/alimentation et la consommation de papier, énumère le directeur Stéphane Vreux. Nous voulons notamment sensibiliser nos enfants au non-gaspillage des ressources naturelles et au respect de l’environnement. Bien sûr, nous avons pris en compte le fait que notre public cible est constitué de très jeunes enfants et nous jouons sur l’aspect visuel des choses comme les « chaussettes thermiques » dans les classes ou la mare écologique que les enfants ont réalisée eux-mêmes. En outre, nous sensibilisons également les classes primaires hébergées dans l’autre bâtiment, car elles viennent chez nous pour les cours de gymnastique. Pour le reste, chacun dans l’équipe s’accorde à dire que nous travaillons désormais dans un confort à nul autre pareil. L’air est constamment régénéré, ce qui élimine chez les petits l’effet d’endormissement bien connu des enseignants. Et, grâce aux différents revêtements, les locaux sont beaucoup moins bruyants que dans un bâtiment classique. « 

L’investissement réalisé à Louvain-la-Neuve représente 3 millions d’euros, dont 95 % sont couverts par un emprunt garanti par la Communauté française. Le PO et toute l’équipe accompagnante ont toutefois décidé de faire appel au sponsoring pour tenter de trouver un dixième de cette somme, soit 300 000 euros. Un chemin difficile, certes, mais ils ont prouvé qu’ils disposent d’un dynamisme à toute épreuve.

Pour tout renseignement : www.biereau.be

FRANCIS GROFF

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