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Une Cité administrative zéro carbone

Elle est la mal-aimée des Liégeois. Beffroi moderniste du bord de Meuse, la Cité administrative se veut, demain, le premier exemple de rénovation  » zéro carbone  » d’un bâtiment public à l’échelle européenne.

Poussée au milieu du décor, la Cité administrative de dix-huit étages, construite en 1967, est un témoin de l’architecture moderniste d’inspiration  » brutaliste « , à l’instar du bâtiment du centre Chiroux-Croisiers-Kennedy. Sa silhouette n’est pas sans rappeler celle du siège des Nations unies à New York avec ses façades marquées par de longues lignes verticales qui croisent des horizontales plus courtes. Conçue sous l’échevin libéral des travaux publics Jean Lejeune, elle a permis la centralisation des principaux services communaux, alors répartis dans pas moins de dix-huit bâtiments à travers la ville. Incarnant  » plus que n’importe quel autre les excès de la vision technocratique du pouvoir communal « , d’après les chercheurs Sébastien Charlier et Thomas Moor, elle sera considérée, dès son édification et pour longtemps, comme  » l’un des bâtiments les plus détestés de Liège « .

Qu’en adviendra-t-il dans quelques années, alors que la Ville de Liège se targue de vouloir en faire une rénovation exemplaire ?  » Si nous nous dépêchons, cette rénovation « zéro carbone » d’un bâtiment ancien, public, de cette ampleur – plus de 10 000 m2 de surface – serait en effet une première à l’échelle européenne « , commente l’échevin des travaux, Roland Léonard (PS).

Pour atteindre ces objectifs de performance énergétique très élevés, il faudra miser à la fois sur l’isolation et sur une consommation d’énergie – aussi faible soit-elle – essentiellement couverte par de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, sur place ou à proximité du site. Si l’éolienne en coeur de ville semble exclue, énergie solaire et cogénération devraient être de la partie.  » Ce sera un véritable défi que nous devons relever dans le cadre des subsides européens Feder que nous avons reçus pour ce projet « , poursuit l’échevin. Soit quelque 9 millions d’euros sur un budget total estimé de 29 millions.

Un geste architectural préservé

A ce stade, une procédure de concours a été lancée. Le marché devrait être attribué par le collège après avis du jury en septembre prochain. Aucune esquisse n’est donc pour l’instant disponible. Faut-il s’attendre à une métamorphose radicale ?  » C’est un bâtiment qui a souvent fait débat mais qui reste une référence. Bien sûr, les bétons des années 1960 n’ont pas résisté au temps et ne seront pas restaurés. Mais il faut qu’on puisse reconnaître le geste architectural initial « , détaille Roland Léonard.

Des  » représentants du courant moderniste  » sont d’ailleurs présents dans le jury du concours, nous dit l’échevin.  » Nous souhaitons aussi faire de ce bâtiment un modèle de communication entre les pouvoirs communaux et les habitants, grâce aux technologies smart, mais aussi en réalisant une extension de 500 à 600 m2 au rez-de-chaussée ou au premier étage, qui permettra d’augmenter la surface d’accueil.  »

S’il ne devrait rien arriver aux stèles qui se trouvent à l’entrée, la conservation de  » la grotte de la Nativité  » de Nicolas Kozakis, énigmatique peinture murale présente sur un des pignons depuis 2006,  » n’est pas garantie puisqu’elle se trouve à même le béton « . Quelques sacrifices seront nécessaires pour que la Cité ait, d’ici à 2030, perdu son titre de  » bâtiment détesté  » de Liège.

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