Un nouvel écrin pour la Chapelle musicale

Figée dans son modernisme du siècle passé, l’antique Chapelle Reine Elisabeth ne répond plus aux besoins de jeunes solistes promis à une carrière internationale. Un appel aux mécènes privés sera bientôt lancé.

Le geste architectural, s’il se concrétise, marquera les esprits. Tout de transparence et de légèreté, le nouvel écrin dans lequel viendront se lover les étudiants de la Chapelle musicale Reine Elisabeth, à Waterloo, devrait en respecter l’atmosphère studieuse et feutrée.  » Nous n’avons pas cherché le geste en tant que tel « , relativise Bernard de Launoit, l' » executive president  » de la Chapelle qui se montre prudentissime alors que les autorisations administratives ne sont pas encore bétonnées.  » Ce bâtiment ne sera qu’un outil au service d’une profonde réforme initiée dès l’année 2004. « 

Car la Chapelle Reine Elisabeth se veut désormais bien davantage que l’antichambre du concours éponyme, dédiée à l’accueil d’une douzaine de jeunes solistes et de leurs professeurs particuliers.  » Nous avons changé l’approche, confirme Bernard de Launoit. Désormais, c’est la Chapelle qui propose des maîtres en résidence, [NDLR : comme José van Dam ou Abdel Rahman El Bacha], que viennent rejoindre de jeunes musiciens du monde entier. Nous leur proposons notre pédagogie dans les disciplines du piano, du violon, du violoncelle, du chant et de la musique de chambre mais aussi un solide soutien à l’insertion professionnelle. « 

Grâce à ses collaborations, la Chapelle permet en effet à ses étudiants de se frotter à des orchestres, des concerts – elle en produit plus d’une centaine par an -, voire aux critiques et autres impresarios.  » Ce concept est très original par rapport à ce qui se pratique ailleurs dans le monde, assure le président. Pour preuve, nous accueillons désormais une quarantaine d’artistes, de plus de 20 nationalités différentes. « 

Durable, passive et acoustique

A l’évidence, l’antique Chapelle érigée en 1939 et agrandie en 1954 risque d’entraver cette réforme. Figée par un classement dans son modernisme du siècle dernier, elle mérite non seulement une rénovation mais aussi une extension – une partie des cours est déjà délocalisée. Ce constat fut à la base d’une réforme financière et juridique, engagée il y a quatre ans : alors qu’une fondation d’utilité publique, la  » Chapelle musicale Reine Elisabeth « , gère la partie opérationnelle (formations, concerts, etc.), c’est à une SA à finalité sociale, la  » Chapelle musicale  » propriétaire du patrimoine mobilier et immobilier, que revient la responsabilité du nouveau bâtiment.

Cette grande aile de verre, d’une superficie de 2 000 mètres carrés, proposera dans deux ans une vingtaine de logements individuels, des studios, une grande salle de répétition, de concert et d’enregistrement. Dessinée par les bureaux Synergy et L’Escaut, elle sera  » durable  » et  » passive  » mais aussi dotée des techniques les plus récentes en matière d’acoustique, à l’instar de l’Opéra Garnier de Paris.

Son coût ? De l’ordre de 6,5 millions d’euros, à financer essentiellement par le mécénat privé. Si la Province du Brabant wallon a promis d’injecter 1 million dans le capital de la SA, Bernard de Launoit attend la finalisation du parcours administratif avant de se lancer dans la quête d’argent frais. A l’instar du financement du nouveau bâtiment de la Solvay Brussels School à Bruxelles, dont il a consulté les dirigeants, il sait que la démarche sera ardue. Et ce, malgré l’incontestable envergure internationale du projet.  » Au besoin, nous irons chercher des sponsors étrangers… « 

BENOÎT JULY

 » Au besoin, nous irons chercher des sponsors étrangers « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire