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Un nouveau souffle

Depuis l’an 2000, les Belges qui en ont besoin sont de plus en plus nombreux à bénéficier d’une greffe du poumon… et cette tendance positive devrait, selon toute vraisemblance, se poursuivre dans le futur.

Une greffe du poumon est souvent le traitement de la dernière chance pour les patients atteints d’une fibrose pulmonaire avancée ou d’une mucoviscidose. Mais elle permet aussi d’améliorer sensiblement la qualité de vie des sujets qui souffrent d’emphysème (du fumeur). Les personnes susceptibles de retirer un bénéfice bien réel d’un nouveau poumon sont donc très nombreuses – bien plus nombreuses, malheureusement, que les donneurs.  » Ceci nous force à réaliser une sélection très sévère parmi nos candidats à la transplantation pulmonaire « , explique Dirk Van Raemdonck, spécialiste en chirurgie pulmonaire et chef du centre de transplantation de l’UZ Leuven.  » L’évolution est toutefois encourageante : alors que nous ne pouvions réaliser qu’une dizaine de greffes du poumon par an à nos débuts, dans les années 90, ce chiffre a progressivement augmenté depuis le tournant du millénaire pour atteindre 60 à 70 par an.  »

 » Nous utilisons déjà la technique de la perfusion pulmonaire ex vivo depuis 2014 pour conserver les poumons de donneurs plus longtemps dans l’attente de la transplantation proprement dite. « 

Des critères plus souples

Cette évolution positive ne manque pas d’en surprendre certains, sachant que le nombre de victimes d’accidents de la circulation et du travail est en recul ces dernières décennies et que le nombre de jeunes donneurs a donc diminué…  » C’est vrai, nos poumons de donneurs sont de plus en plus vieux, 55 ans en moyenne. Avant l’an 2000, les poumons de personnes de plus de 50 ans ou d’ex-fumeurs, par exemple, étaient rarement pris en considération alors qu’ils auraient en réalité pu convenir. Depuis le tournant du siècle, les critères ont été assouplis et notre équipe se rend aussi le plus possible sur place pour évaluer elle-même la qualité des poumons des candidats donneurs.  »

Le réservoir de poumons susceptibles d’être utilisés pour la transplantation a été encore élargi en 2007.  » Depuis cette date, nous utilisons en effet aussi des poumons de donneurs à coeur arrêté, explique l’expert. Contrairement aux donneurs de poumons classiques, il ne s’agit pas de patients en état de mort cérébrale. La majorité ont été victimes d’un traumatisme cérébral gravissime qui signifie qu’il est pratiquement certain qu’ils ne sortiront plus du coma. Lorsque la respiration artificielle est interrompue (en concertation avec la famille), leurs organes peuvent être prélevés (toujours avec l’accord de leurs proches). Une petite minorité, de l’ordre de 10 %, sont des personnes confrontées à des souffrances physiques ou psychologiques impossibles à soulager qui choisissent d’avoir recours à l’euthanasie et souhaitent faire don de leurs organes.  »

Un nouveau souffle

Précisons au passage que seuls les patients qui optent pour l’euthanasie doivent notifier explicitement et par écrit leur volonté d’être donneurs d’organes après leur mort. En vertu d’une loi belge datant de 1986, toute autre personne l’est automatiquement à moins d’avoir marqué son opposition de son vivant, comme le fait une petite minorité qui reste relativement stable au fil du temps.

Perfusion pulmonaire ex vivo

Le réservoir de poumons de donneurs pourrait encore être élargi dans le futur, notamment par la perfusion pulmonaire ex vivo.  » Nous utilisons déjà cette technique depuis 2014 pour conserver les poumons de donneurs plus longtemps dans l’attente de la transplantation proprement dite, explique Dirk Van Raemdonck. Classiquement, les poumons de donneurs sont conservés sur de la glace à une température de 0 à 4 °C. Cette faible température ralentit le processus de mort cellulaire et permet de préserver l’organe pendant environ 8 heures en vue de la transplantation. Mais les poumons risquent, lorsqu’ils se réchauffent dans le corps du receveur, de conserver de grandes quantités de liquide (oedème). Ce phénomène, et le risque de complications qui y est associé, est moins marqué lorsque les poumons sont conservés dans un appareil de perfusion pulmonaire, qui les maintient à 37 °C et les irrigue au moyen d’une solution sanguine contenant un cocktail de médicaments visant à simuler le mieux possible les conditions naturelles. Cette technique a déjà permis de conserver des poumons pendant 12 heures sans perte de qualité.  »

Durant cette période de conservation, il est de plus possible de réévaluer les qualités des poumons en prélevant des échantillons sanguins, en suivant certains paramètres ou même en réalisant des radios… et d’utiliser des poumons qui auraient été rejetés sur base d’une analyse moins approfondie.

 » Dans le futur, il n’est pas exclu que les poumons conservés dans l’appareil de perfusion puissent même être guéris d’une maladie ou d’une blessure ou que nous puissions les transformer en bloquant leurs antigènes, afin de limiter le risque de rejet, conclut l’expert. Nous en sommes toutefois encore loin… et il en va de même de notre rêve ultime : pouvoir un jour cultiver des poumons afin de disposer d’un réservoir inépuisable !  »

Un nouveau souffle
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Un cadeau à chérir !

Après la greffe, un bon suivi est tout aussi capital. Pour éviter le rejet du nouvel organe, les patients doivent en effet prendre scrupuleusement – et à vie – des médicaments qui inhibent l’immunité, ce qui les expose à un risque accru d’infections opportunistes et de certaines cancers. Dépister rapidement ces problèmes et les traiter efficacement revêt évidemment une importance cruciale ; raison pour laquelle ils doivent bénéficier d’un suivi à vie.

Pour chérir ce cadeau de vie, il s’agit de prendre différentes mesures :

– Ne pas fumer et faire attention aux sources d’infections potentielles. Au-delà du fait que les particules de fumée affectent les voies respiratoires et que les germes pathogènes peuvent provoquer des maladies, ce sont aussi deux facteurs qui peuvent favoriser le rejet du greffon !

– Se protéger tout particulièrement contre le soleil. Les patients transplantés ont en effet aussi un risque accru de cancer de la peau.

– Privilégier une alimentation saine et variée et bouger suffisamment.Ceci contribue à entretenir une forme physique et mentale optimale. « 

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