Un Guillaume Tell craquant

Barbara Witkowska Journaliste

Un opéra inédit d’André-Modeste Grétry, défendu par un plateau de stars belges, bénéficie de la mise en scène de Stefano Mazzonis, directeur général de l’Opéra royal de Wallonie. Du grand spectacle en perspective !

C’est un chemin bien singulier qui a mené Stefano Mazzonis à Guillaume Tell.  » Considéré comme le chef-d’oeuvre de Grétry, l’opéra n’a jamais été joué ni à Liège ni ailleurs, nous dit-il. Conçu en 1786, il a été interdit, car il incitait à la révolution. Claudio Scimone et Jean-Claude Malgoire, des chefs d’orchestre baroqueux, m’en ont parlé avec enthousiasme. J’ai donc décidé de suivre cette piste et de le mettre en scène. Le projet était trop stimulant. Il s’inscrit aussi dans ma stratégie artistique qui consiste à redécouvrir les oeuvres du passé.  » Ce petit chef-d’oeuvre, cette  » miniature dorée « , clôture la saison de l’Opéra de Liège et célèbre de surcroît le bicentenaire de la mort de Grétry.

Le livret raconte l’histoire traditionnelle de Guillaume Tell, héros de l’indépendance de la Suisse et symbole de la rébellion contre la tyrannie. Ecrit par  » citoyen  » Jean-Michel Sedaine, dramaturge connu et apprécié à l’époque, il est très bien construit et remarquablement écrit. Les dialogues parlés, comme au théâtre, non accompagnés par la musique, constituent un tiers de l’ouvrage.  » Il y a deux choses importantes à dire, poursuit Stefano Mazzonis. Rossini a sûrement eu l’occasion d’écouter l’opéra de Grétry, car il a utilisé des morceaux pour  »son » Guillaume Tell, créé à Paris en 1829. Il l’a copié ! Par ailleurs, bien que l’opéra de Grétry n’ait jamais été monté, deux morceaux sont très connus, joués dans des concerts baroques : l’ouverture et le combat final entre les révolutionnaires suisses et l’oppresseur habsbourgeois.  »

Ce Guillaume Tell sera magique. Il se jouera dans un théâtre baroque reconstruit sur scène, tel qu’il était à l’époque, tout en bois et décoré de toiles peintes. Toutes les machineries seront à vue et les machinistes feront semblant de les bouger.  » C’est un clin d’oeil et une provocation, sourit Stefano Mazzonis, car l’Opéra de Liège est, sur le plan technique, l’un des plus performants au monde !  » L’autre point fort ? La présence, dans le combat final, de marionnettes géantes en bois, fréquemment utilisées dans l’opéra au XVIIIe siècle. Pour Guillaume Tell, il faut de grands solistes. Ce sont des Belges qui montent : Marc Laho, Anne-Catherine Gillet et Lionel Lhote. Sans oublier l’élégance et la clarté de l’orchestre avec la baguette toujours alerte de Claudio Scimone (79 printemps en décembre !). Une rareté hautement recommandable pour clôturer la saison en beauté.

Stefano Mazzonis nous donne un avant-goût de la saison 2013-2014. Elle s’ouvrira avec Attila de Verdi dans la mise en scène de Ruggero Raimondi qui signe sa quatrième mise en scène lyrique, mais sa première à Liège ! On écoutera avec bonheur Christophe Rousset diriger l’orchestre de l’Opéra de Wallonie dans LEnlèvement du sérail, le Singspiel de Mozart, mis en scène par le célèbre comédien et dramaturge argentin Alfredo Arias. La grande Deborah Voigt sera Leonore dans Fidelio de Beethoven. Autre rendez-vous majeur : Maria Stuarda de Donizetti avec, dans ce rôle colossal, Martine Reyners.  » Une jeune Belge extraordinaire « , s’exclame Stefano Mazzonis. La saison s’achèvera avec La Gazzetta de Rossini. Il manquait à cet opéra comique un quintette à la fin du premier acte. Il vient d’être retrouvé et l’opéra joué à Liège sera donc une première mondiale. Avec le ténor Edgardo Rocha,  » le nouveau Juan Diego Florez « .

Du 7 au 15 juin, www.operaliege.be

BARBARA WITKOWSKA

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